Si l'on en croit les représentants des professeurs, des parents et des commissions scolaires, les propositions de la coalition Legault sont «antidémocratiques», «anti-équité», «anti-parents», «anti-système public» et «anti-développement régional». Elles «représentent une déclaration de guerre aux enseignants» et «feront souffrir les enfants».

En un mot, les idées avancées «provoqueront le chaos, ni plus ni moins» ...

Voilà un aperçu des réactions des différents groupes de pression qui n'ont eu besoin que d'une toute petite heure, hier matin, pour lire le document de dix pages, passer en revue les différentes propositions, les soupeser au mérite, convoquer les médias... et sortir l'artillerie lourde pour démolir le tout sur la place publique.

Le texte a été lancé à 9h30. Il n'en restait pas une virgule à 10h45.

«Pour tuer une mouche, François Legault a sorti un bazooka», a lancé le président de la CSQ... sans s'apercevoir de la profonde ironie de sa déclaration.

Rappelons-le, il n'est ici question que d'un «texte de consultation» sur l'éducation, lequel sera suivi d'une tournée régionale puis éventuellement d'un plan d'action, le tout proposé par un groupe de non élus qui ne représentent pour l'instant qu'eux-mêmes.

Qu'à cela ne tienne, les groupes de pression ont pris l'habitude de riposter à la moindre menace, peu importe sa teneur, peu importe d'où elle vient. Du corporatisme pur jus qui empêche tout débat d'idées, qui polarise les enjeux et diabolise ceux qui osent sortir des sentiers battus. Vade retro, Satana...

On comprend évidemment que les commissions scolaires s'opposent à leur abolition. Réaction de survie. Mais les profs? Les parents? Les étudiants? Le personnel de soutien scolaire?

Tout ce beau monde a rejeté le document en bloc, sans nuance ni réserve, comme s'il fallait serrer les rangs contre cette menace évidente à l'avenir de nos précieux enfants. Seule la Fédération des cégeps s'est faite circonspecte, y allant à la fois de louanges et de critiques.

Or s'il y a bel et bien des idées sujettes à caution et des propositions critiquables dans le texte de la Coalition pour l'avenir du Québec, il y a aussi des suggestions originales qui méritent un débat de fond.

Pensons à l'évaluation des profs, qui peut éloigner les incompétents, mais aussi décourager les plus motivés. Pensons à la modulation des salaires en lien avec la réussite scolaire, qui peut attirer plus d'hommes vers la profession, mais aussi se traduire par une manipulation des notes.

D'où l'importance d'accueillir les propositions avec prudence, mais surtout, d'en débattre, d'échanger sur leurs mérites et leurs défauts, plutôt que de tout rejeter, de l'autonomie des enseignants au resserrement de la démocratie scolaire en passant par la hausse du nombre de parents aux conseils d'établissement.

Les tenants du statu quo prouvent par l'absurde la pertinence d'y mettre fin.

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