Les incidents nucléaires qui frappent le Japon révèlent de troublantes similitudes avec la marée noire qui a obscurci le golfe du Mexique, l'an dernier. Mais les explosions de Fukushima pourraient avoir des conséquences qui se feront sentir pendant bien plus longtemps.

Les incidents nucléaires qui frappent le Japon révèlent de troublantes similitudes avec la marée noire qui a obscurci le golfe du Mexique, l'an dernier. Mais les explosions de Fukushima pourraient avoir des conséquences qui se feront sentir pendant bien plus longtemps.

Les deux crises se ressemblent, d'abord, en ce qu'elles proviennent d'exploitations énergétiques dont on garantissait la fiabilité. Les entreprises assuraient en effet que la redondance des mesures de sécurité rendait une défaillance virtuellement impossible.

Fait intéressant, ces garanties provenaient, dans les deux cas, de corporations au bilan peu reluisant. BP avait été maintes fois reconnue coupable de fraudes et de manquements aux règles de sécurité. Et Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, n'avait pas hésité à remplir de fausses déclarations ainsi qu'à dissimuler des incidents nucléaires et des fuites radioactives.

Dans un cas comme dans l'autre, également, les entreprises ont été décontenancées par les accidents, au point d'avoir recours à des solutions inusitées... qui ne faisaient d'ailleurs partie d'aucun plan d'urgence.

Mais malgré ces ressemblances, les incidents de Fukushima pourraient bien se distinguer sur le long terme. Car plus qu'une explosion aux impacts locaux, il s'agit d'un accident qui incite certains à remettre carrément en question le développement futur de cette filière énergétique dont l'essor commençait à poindre.

Les accidents de Three Mile Island et de Tchernobyl ont en effet imposé une longue hibernation à l'industrie nucléaire, du moins en occident où une pause d'une bonne dizaine d'années a dû être respectée. Une pause qui s'est récemment terminée afin d'ajouter le nucléaire, qui n'émet pas de gaz à effet de serre, à l'arsenal destiné à combattre les changements climatiques.

Bien des projets ont ainsi été proposés ces dernières années, mais ce renouveau n'a pas eu le temps de se matérialiser en raison du coût des réacteurs, de la crise économique, de l'effondrement du prix du gaz naturel et surtout, des résistances d'une opinion publique encore craintive.

D'où les réactions rapides, ces derniers jours, de bien des gouvernements qui se doutent de l'impact qu'aura Fukushima sur leur population. L'Allemagne, par exemple, a décrété un moratoire de trois mois sur les renouvellements de permis de 17 réacteurs. La Suisse a suspendu les procédures d'autorisation pour trois nouvelles centrales. Et bien des élus aux États-Unis, en Italie et en Belgique exigent que l'on mette le programme nucléaire de leur pays sur pause.

Sage réaction dans les circonstances. Car les incidents de Fukushima démontrent l'existence de failles dans les mesures de sécurité encadrant une source d'énergie potentiellement fort dangereuse. Il importe donc d'analyser froidement la situation, comme ce fut fait suite à la marée noire, puis de resserrer les règles en conséquence. Mais évitons de se servir d'un incident exceptionnel pour tuer la renaissance dans l'oeuf.

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