Le maire Gérald Tremblay déposera au conseil municipal, ce soir, une motion visant à solliciter l'avis du gouvernement sur les irrégularités constatées au bureau du vérificateur général.

Espérons que le ministre des Affaires municipales refusera le rôle qui lui est proposé dans cette indécente mise en scène.

La séquence des événements, depuis cette fameuse dénonciation anonyme, montre clairement que l'espionnage auquel s'est livrée l'administration municipale ne visait pas tant à confirmer des allégations qu'à en trouver de nouvelles.

Que le maire et le directeur général plaident l'ignorance est sidérant. Qu'ils cautionnent pareille filature est ahurissant. Mais qu'ils demandent de fermer les yeux et de se concentrer uniquement sur les suspicions visant un homme dont ils veulent la tête est carrément insultant.

L'un ne peut éclipser l'autre. Les allégations ne peuvent occulter l'espionnage. Nous sommes face ici à deux situations bien distinctes; deux situations qui posent chacune de graves questions; deux situations qui méritent d'être éclaircies parallèlement, et ce, de manière rigoureuse et indépendante.

Cela mérite bien plus qu'un simple «avis» du ministre, qui ne servirait finalement qu'à obtenir indirectement ce que le maire ne peut avoir directement, faute d'un nombre suffisant de sièges au conseil: le congédiement de Jacques Bergeron.

Le ministre Laurent Lessard doit donc éviter de se faire complice de cette histoire. Il doit demander à la Commission municipale du Québec d'enquêter sur toute cette histoire, à la fois sur le fond et sur la forme.

Seul organisme gouvernemental indépendant voué exclusivement au domaine municipal, la Commission a pour mission d'enquêter «sur tout aspect de l'administration» que le gouvernement lui indique.

Elle jouit ainsi de pouvoirs d'investigation qui lui permettent d'avoir recours à tous les moyens légaux jugés nécessaires. Ce qui, dans les circonstances, est absolument essentiel.

D'abord pour l'espionnage, qui fait l'objet d'affirmations contradictoires. La Ville prétend n'avoir eu accès à l'ordinateur du vérificateur qu'à quatre reprises, se limitant aux courriels dont le titre faisait référence à des services professionnels. Alors que Jacques Bergeron soutient que l'intrusion a permis de copier des centaines et des centaines de courriels, dont un bon nombre étaient confidentiels.

Ensuite pour les allégations, qui entachent sérieusement la crédibilité du vérificateur. Ce dernier devant être absolument sans reproche, toute la lumière doit être faite sur ces possibles irrégularités s'il entend terminer son mandat.

La Commission n'étant pas un tribunal, elle n'aurait pas à trancher ni dans un cas ni dans l'autre, une prérogative qui reviendrait, comme le souhaite le maire Tremblay, au ministre des Affaires municipales. Mais ce dernier pourrait ainsi trancher sur les deux situations, tout en gardant ses distances de cette filature aux visées bassement politiques.

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