Aucune organisation n'aime être en queue de peloton. Lorsque l'Imperial College de Londres a salué la STM pour l'ensemble de son oeuvre, sauf pour ses faibles revenus commerciaux, la STM s'est donc mise dans la tête d'augmenter ses revenus commerciaux...

Aucune organisation n'aime être en queue de peloton. Lorsque l'Imperial College de Londres a salué la STM pour l'ensemble de son oeuvre, sauf pour ses faibles revenus commerciaux, la STM s'est donc mise dans la tête d'augmenter ses revenus commerciaux...

Mais comment faire quand les stations de métro sont tapissées de pubs et les bus maquillés de logos? On va plus loin, d'où l'idée de commanditer chacune des lignes de métro.

La fin est louable, car elle permettra de faire passer les revenus non tarifaires de 17 à 34 millions de dollars (sur un budget de 1,2 milliard). Mais le moyen est choquant.

C'est une chose d'étendre l'espace publicitaire à des zones inexploitées, c'en est une autre d'offrir le patrimoine montréalais aux plus offrants. Les lignes et leur couleur font en effet partie de l'identité de la métropole, comme en témoignent des oeuvres telles Paul dans le métro (Michel Rabagliati) et La Ligne orange (du groupe Mes Aïeux).

Curieusement, la STM était arrivée à cette même conclusion lorsque l'idée de commanditer des noms de stations avait été avancée en 2006. Pas question, avait-on répondu, car elles «font partie intégrante du patrimoine historique de la toponymie montréalaise».

Exactement comme les lignes colorées du métro...

Travestir ces rares éléments qui façonnent la ville, qui la distinguent, qui forgent son identité constituerait même un dangereux précédent. Contrairement aux stades et amphithéâtres, le métro est un bien collectif. Plus encore, c'est l'archétype du service public essentiel, comme peut l'être un hôpital.

Or tout comme il serait inconcevable de visiter l'hôpital Saint-Justine Pfizer, il serait inconvenant d'obliger tous ces usagers captifs à emprunter la ligne Orange Crush. Certes, l'hôpital offre des ailes de son bâtiment à la commandite, mais cela équivaut à tapisser une station de publicités. Au-delà, c'est à l'identité même de l'établissement qu'on s'attaque.

La STM promet la sobriété, mais l'inquiétude persiste à la lecture de l'appel de propositions, révélée par Le Devoir. Pour la ligne orange, par exemple, le commanditaire versera 6 millions par année pendant 10 ans, en échange de quoi il pourra apposer son logo sur les plans du réseau, les enseignes intérieures et extérieures des stations, les voitures de tête du métro, les guérites des changeurs, le sol des quais, etc.

«Des partenaires visibles sur toute la ligne!», claironne-t-on...

Pourtant, cette agression est loin d'être nécessaire. Non seulement est-ce à l'État de s'assurer que le transport collectif est adéquatement financé, mais il reste en outre à la STM bien de l'espace pour augmenter ses revenus autonomes. Elle peut tirer des redevances des compagnies de téléphonie qui s'aventurent dans le métro, accroître l'affichage dynamique, multiplier les téléviseurs, inviter d'autres commerces à s'installer, etc.

Autant de choses qui peuvent renflouer les coffres de la Société et améliorer l'expérience des usagers. Sans brader le patrimoine.

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