Le Tour de France est à nouveau entaché. Après les Riis, Ullrich et Pantani, voilà qu'Alberto Contador ajoute son nom à la longue liste de vedettes déchues pour cause de dopage.

Le Tour de France est à nouveau entaché. Après les Riis, Ullrich et Pantani, voilà qu'Alberto Contador ajoute son nom à la longue liste de vedettes déchues pour cause de dopage.

Certains y voient une victoire des contrôles accrus, qui menacent jusqu'aux vainqueurs de la Grande Boucle. En multipliant ainsi les coups d'éclat et en perfectionnant les méthodes antidopages, croient-ils, on réussira à la longue à éradiquer ce fléau...

On pourrait en effet présumer que les suspensions et les suspicions, qui minent chaque année les podiums du Tour de France depuis près de 15 ans maintenant, auront à la longue un effet dissuasif sur les autres coureurs.

Hélas, les traces de clenbutérol retrouvées dans le sang de Contador confirment plutôt que les efforts des autorités ne réussiront jamais plus qu'à limiter les dégâts.

Encore aujourd'hui, force est de conclure que la tentation est toujours plus grande que le risque. Il n'y a là rien de bien surprenant : les champions savent pertinemment qu'ils ne seront plus de taille sans aide, et les autres cyclistes en ont besoin pour garder simplement leur place dans l'équipe.

En un mot, le supplément est devenu indispensable. Et en ce sens, le monde cycliste n'est pas si différent de l'univers dans lequel il évolue.

Nous vivons en effet à une époque où l'on est persuadé que sans stimulant, sans supplément, notre corps est incapable de passer à travers les aléas de la vie.

Les étudiants universitaires en ont besoin pour passer à travers les examens (Wake-Up), les fêtards pour passer la nuit (Red Bull), les athlètes amateurs pour accroître leur endurance (gels de performance), les gros travailleurs pour éviter le congé de maladie (Cold-FX), les joueurs de hockey pour améliorer leurs performances (Sudafed)...

Il n'y a évidemment rien d'illégal à pousser la machine humaine un peu plus loin. Mais si l'on juge nécessaire d'ingérer un supplément pour les tâches et loisirs du quotidien, imaginez un athlète professionnel qui, en plus de vivre une pression constante, évolue dans un monde où tous ceux qui l'entourent sont soupçonnés de se doper, pas seulement les champions.

De substances nécessaires aux performances les plus impressionnantes, ces produits sont en effet devenus une commodité servant à atteindre le niveau minimal de performance attendu. Pour bien des cyclistes, le dopage n'est ainsi qu'une sécurité d'emploi...

Voilà pourquoi tant de cyclistes estiment que les gains, bien réels, en valent le risque, plutôt aléatoire. Car dans le lot, ils sont bien peu nombreux à se faire pincer. Et les moins chanceux n'ont qu'à s'entraîner dans l'ombre puis revenir à la compétition une fois la suspension écoulée, comme l'ont fait Basso, Vinokourov et... 10% de tous les coureurs qui ont pris le départ du Tour de France l'an dernier!

De la même manière que la police est incapable d'éliminer le crime, la police antidopage a bien peu de chance de mettre fin une fois pour toutes à la tricherie.

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