L'enquête PISA menée auprès d'enfants de 15 ans d'un peu partout dans le monde est une formidable source d'information.

L'enquête PISA menée auprès d'enfants de 15 ans d'un peu partout dans le monde est une formidable source d'information.

En comparant la performance des élèves par pays, on constate les prodigieuses aptitudes des jeunes Canadiens et Québécois. En évaluant différentes matières, on mesure l'étendue de leurs connaissances en science et en maths. Et en notant les points communs entre les meilleurs pays, on constate une foule de choses, comme le fait qu'une hausse du salaire des profs a plus d'effet sur la performance scolaire qu'une baisse du nombre d'élèves par classe...

En fait, il y a tant d'information dans ce volumineux rapport que la tentation est forte de s'en tenir à un seul constat qui, malgré sa justesse, demeure plutôt superficiel: on est, encore cette année, vraiment très bons...

Or il se cache, à travers cette épaisse broussaille de données, un enjeu qui mérite une réflexion plus approfondie : la baisse d'intérêt pour la lecture, surtout chez les garçons.

Depuis une décennie, note en effet l'OCDE, «le plaisir de la lecture tend à reculer, notamment chez les élèves de sexe masculin». Le taux d'élèves déclarant lire tous les jours, pour le simple plaisir de la chose, est passé de 69% à 64% depuis 2000.

Et ce constat, hélas, a des échos au Canada, où les aptitudes pour la lecture sont moins spectaculaires que certains l'affirment.

D'abord, le rendement en lecture a diminué en 10 ans, une baisse certes minime, mais qui prend tout son sens quand on la compare à la hausse observée dans une douzaine d'autres pays. Ensuite, la proportion d'élèves «très performants» en lecture a suffisamment diminué pour que Statistique Canada évoque le «présage d'une éventuelle perte de compétitivité».

Et enfin, la moitié des provinces ont connu des « diminutions significatives » des niveaux de compétence en lecture. Et le Québec est du nombre, n'en déplaise à la Fédération des commissions scolaires, qui s'est félicitée des résultats en lecture «tout particulièrement».

En observant attentivement la tendance des dernières années, on remarque que le Québec se classait au-dessus de la moyenne canadienne en 2000, mais qu'il a perdu cet honneur en 2003 sans jamais réussir à le retrouver. L'Ontario et l'Alberta, en revanche, trônent toujours en haut du palmarès.

Entendons-nous, il y a loin d'avoir péril en la demeure. Le Québec demeure supérieur à la moyenne des 75 pays sondés, il se retrouve même dans le peloton de tête mondial, un exploit d'autant plus épatant qu'il a été accompli par les élèves de la réforme, cette fois, à qui l'on a visiblement fait porter le bonnet d'âne un peu trop vite.

Mais la tendance, cela dit, devrait allumer de petits feux rouges au ministère ainsi que dans les facultés d'éducation, et pas seulement parce que ce sont les garçons qui perdent goût pour la lecture. Surtout parce qu'à la lecture de l'enquête PISA, le lien apparaît évident entre le plaisir de lire et la réussite scolaire.

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