Nul n'est prophète en son pays, pas même son premier magistrat...

Nul n'est prophète en son pays, pas même son premier magistrat...

Jean Charest l'a confirmé en repartant auréolé de Cancún, où ses homologues des États fédérés et régions ont salué son leadership en matière climatique deux fois plutôt qu'une: en lui décernant un prix... et en nommant une forêt urbaine d'Australie en son nom!

Le premier ministre, loin d'être sorti du bois au Québec, aurait-il fait le voyage par opportunisme que cela n'enlèverait rien au mérite qu'il peut, avec raison, retirer de ces éloges.

S'il y a un dossier, en effet, que le gouvernement Charest mène avec doigté et conviction depuis qu'il est au pouvoir, c'est bien celui de la lutte contre les changements climatiques. Déjà exemplaire par son faible niveau d'émissions polluantes, le Québec l'est davantage encore en poussant l'effort plus loin.

En témoigne son engagement à l'horizon 2020 ainsi que le dernier inventaire québécois des gaz à effet de serre, dévoilé cette semaine. Non seulement les émissions ont-elles baissé de près de 5% par rapport à l'année précédente, elles ont surtout passé sous la barre mythique de 1990 pour la première fois depuis 2001.

Il s'agit d'un exploit pour une province qui n'a pas beaucoup de gras énergétique à couper, qui a vu durant la même période sa population bondir de 11% et son PIB, de 46%.

Vrai que l'on retrouve dans ces fluctuations certains facteurs hors de la portée des élus. Mais il faut être de mauvaise foi pour enlever au gouvernement toute responsabilité de ce bilan, comme l'a fait le PQ.

Pensons aux mesures d'efficacité énergétique et au programme de conversion du mazout au gaz. Pensons au règlement sur l'enfouissement des déchets, qui a longtemps traîné sur le bureau du gouvernement péquiste, pour être enfin adopté par les libéraux en 2006. En forçant ainsi les dépotoirs à capter et brûler leurs biogaz, on a réduit leurs émissions de 30%!

Pensons aussi aux mesures lancées par le Parti québécois, en tout respect, mais accentuées par le gouvernement Charest, comme les réductions d'émissions des alumineries, le développement de l'éolien et la multiplication des projets hydroélectriques, qui a permis d'éviter le recours à la centrale de Bécancour ces dernières années.

Énorme bémol, toutefois, pour le secteur du transport, auquel le gouvernement refuse toujours de s'attaquer - même s'il s'agit du premier pollueur de la province -, autrement que par des «mesurettes» sans grand effet...

Cela dit, outre la flatterie à l'ego, les éloges entendus ces derniers jours témoignent de la justesse de l'orientation gouvernementale. Alors que le Canada est en train de manquer le bateau de l'économie verte par pur dogmatisme et que son voisin du Sud a lui aussi décidé de rester sur le quai, le Québec a tout à gagner à maintenir le cap vers ce qui pourrait bien devenir la prochaine révolution industrielle.

Le fait qu'au cours des 20 dernières années, il ait réussi à concilier une réduction d'émissions et une croissance économique le prouve avec brio.

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