Les électeurs de Toronto sont en colère.

Les électeurs de Toronto sont en colère.

En accordant à Rob Ford les clés de l'hôtel de ville, lundi, ils ont clairement exprimé leur frustration à l'endroit du maire sortant, David Miller, mais aussi de tout ce qu'il représente: des taxes, des hausses de taxes et encore des taxes...

Les victoires d'anciens libéraux à Ottawa, Vaughan et London montrent que l'élection de Rob Ford n'est pas tant le résultat d'un vent de droite en Ontario, que d'un microclimat à Toronto, où les contribuables sont exaspérés de toutes ces ponctions fiscales dont ils ne saisissent plus la finalité.

Les indices d'une colère toute torontoise sont d'ailleurs nombreux: le taux de participation particulièrement élevé (52,3%), la concentration du vote en périphérie, la popularité de Rob Ford auprès des immigrants malgré ses malheureuses déclarations et surtout, la solide avance qui l'a propulsé à la mairie (47,1%).

La frustration ayant toujours dopé le vote, rien d'étonnant à ce que ce populiste controversé ait obtenu, avec son slogan Stop the Gravy Train, plus de votes que n'en a jamais compté son prédécesseur.

La question se pose, maintenant: y a-t-il des leçons à tirer pour le maire de Montréal, dont le programme progressiste rappelle celui de David Miller?

La réponse est oui. Car la colère des électeurs de la Ville-Reine fait directement écho à celle de bien des Montréalais. Dans ces deux villes ayant subi une profonde réorganisation aux résultats douteux, on a l'impression que le contribuable n'est saigné que pour nourrir un conseil municipal bien gras et des employés municipaux trop gâtés. À tort ou à raison.

Dans un tel contexte, il est vrai, M. Tremblay a l'avantage d'être un gestionnaire prudent qui administre les fonds publics en bon père de famille. Il s'occupe des infrastructures vieillissantes. Il travaille fort pour améliorer l'équité entre les arrondissements. Il s'acharne à éponger le déficit actuariel.

Bref, il passe son temps à gratter les fonds de tiroir bien plus qu'à engager de folles dépenses. On est bien loin de la «mine d'or» dénoncée par Rob Ford.

Mais tout cela n'a de valeur aux yeux du contribuable que s'il en tire profit, ou du moins, que s'il peut faire le lien entre les taxes et tarifs et les résultats concrets qui en découlent. Ce qui est loin d'être évident, à Montréal comme à Toronto.

On peut bien hausser la taxe sur l'essence pour financer le plus beau des plans de transport, mais si la congestion continue d'augmenter chaque année parce qu'on ne réussit qu'à prolonger le réseau cyclable, il s'agit d'une ponction inutile aux yeux de l'électeur. Pire, d'une ponction qui finit par le convaincre que les taxes et tarifs se font contre lui, non pas pour lui.

D'où le cri de ralliement de Rob Ford, Respect for Taxpayers!. Un cri qui, malgré toute la parcimonie dont fait preuve le maire Tremblay, pourrait bien un jour se faire entendre à Montréal.

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