Il y a clairement un problème de comportement sur les routes du Québec. La plupart des automobilistes dépassent les limites de vitesse... mais n'y voient rien de répréhensible, ce qui les rend imperméables aux campagnes de sensibilisation.

Il y a clairement un problème de comportement sur les routes du Québec. La plupart des automobilistes dépassent les limites de vitesse... mais n'y voient rien de répréhensible, ce qui les rend imperméables aux campagnes de sensibilisation.

En milieu urbain, plus d'un conducteur sur deux roule au-delà de la vitesse permise. Sur les routes principales, ils sont deux sur trois. Et sur les autoroutes... pas moins de huit sur 10!

Mais demandez-leur pourquoi ils agissent ainsi, en contravention avec les règlements censés protéger la vie de tous, ils vous répondront que dans leur cas précis, ce n'est pas un problème. Soit parce qu'ils s'estiment aussi habiles que Gilles Villeneuve, soit parce que les limites sont de toute façon trop basses.

En un mot, personne ne se considère menaçant. Donc tout le monde le devient...

C'est dans ce contexte qu'il faut juger de la pertinence des radars photo qui, plus que n'importe quelle campagne, réussit à freiner les plus téméraires. À l'approche des cinémomètres, conclut le rapport dévoilé mercredi, les excès de vitesse diminuent des deux tiers et les grands excès disparaissent carrément.

Voilà d'excellentes nouvelles qui militent pour une généralisation des radars photo, mais aussi pour un changement de paradigme. Si les radars sont aussi efficaces, ne nous limitons pas à les étendre à d'autres points chauds, dissimulons-les.

Car l'installation de cette technologie à des endroits précis, signalés à l'avance, permet de régler des problèmes ponctuels, mais n'infléchit pas les comportements ailleurs sur le réseau routier. Ce que seuls des radars mobiles et des radars camouflés peuvent faire.

Cela est d'autant plus vrai qu'un effet pervers, appelé «effet kangourou», accompagne immanquablement l'installation de cinémomètres: les automobilistes ralentissent à la vue des affiches, puis repartent en fous après avoir croisé le radar. Pire: ils roulent plus vite encore, afin de «rattraper le temps perdu».

Dans son rapport, le MTQ soutient que «les données ne semblent pas appuyer cette thèse». Mais le jupon idéologique du Ministère dépasse : non seulement il se fie à un seul des 15 radars, il a aussi choisi celui qui l'assurait d'une conclusion positive! Aurait-il évalué celui de l'A-15, à la hauteur d'Atwater, qu'il aurait fait un tout autre constat...

Pour éviter l'effet kangourou, donc, mais surtout pour diminuer réellement les vitesses de circulation, le Québec doit aller plus loin, en s'inspirant des pays où l'on retrouve des cinémomètres depuis longtemps.

En France, la tendance est de cacher les radars, justement, afin d'accroître leur efficacité et «d'éviter le petit coup de frein suivi de la ré-accélération», comme le résume un quotidien de l'Hexagone.

En ajoutant à cela la surveillance aérienne, avec laquelle la SQ a renoué, et les voitures banalisées, qui se multiplient au SPVM, on se dotera d'outils permettant non seulement de s'attaquer aux segments les plus dangereux, mais aussi, au comportement imprudent des automobilistes.

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