New York et à Paris, dans le Plateau, à Saint-Hubert, Sherbrooke et Saint-Lambert, les plaintes liées au bruit sont en forte augmentation. On montre du doigt les tondeuses, les spectacles, les avions, les bars et les motos qui pétaradent jour et nuit.    

La pollution sonore est-elle en constante augmentation? Ou n'est-ce pas plutôt notre tolérance qui diminue?

Certaines nuisances, il est vrai, se sont ajoutées ces dernières décennies, comme les souffleuses à feuilles et les thermopompes, par exemple. Mais d'autres ont aussi disparu: les usines qui tournaient à plein régime sans normes à respecter, les cloches d'église, les radios poussées à plein volume pendant le lavage de la voiture, les enfants qui jouent dehors...

Bien difficile, dans un tel contexte, de statuer que le bruit en général a augmenté, même si, ici et là, on constate bien une multiplication de certains cas de pollution sonore extrême. Pensons aux abords de l'aéroport de Saint-Hubert, d'où décollent deux avions la minute, ou à ces nombreux lacs contaminés par des embarcations motorisées, qui ne semblent jamais manquer d'essence...

Il faut donc distinguer ces cas, qui peuvent mener à l'hôpital, des bruits urbains inévitables, qui chatouillent plutôt notre tolérance. Car la plupart des bruits évoqués dans les médias sont de cette dernière catégorie: les tondeuses à Sherbrooke, les bars dans le Plateau, les spectacles entendus à Saint-Lambert, etc.

Il y a une indéniable montée de l'individualisme dans nos sociétés, qui mine tranquillement notre indulgence collective face aux diverses intrusions de la vie. Appelons cela le syndrome «pas de bruit dans ma cour»: on cherche l'animation de la ville, mais on tolère de moins en moins le bruit qui l'accompagne.

Surtout quand il nous agresse jusque dans notre maison, devenue un havre de paix inviolable en cette ère de cocooning...

Ce phénomène est d'autant plus réel qu'il est amplifié par l'urbanisation croissante, le vieillissement de la population, la dégradation du civisme et la quête de plus en plus recherchée d'un environnement viable.

Un exemple frappant: cette pétition d'une centaine de noms qui circulait l'an dernier à L'Île-des-Soeurs... contre un terrain de jeux pour enfants jugé trop bruyant!

La difficulté pour les législateurs, évidemment, est de trouver un équilibre entre l'animation urbaine et le calme auquel les citoyens ont droit. Cela implique de ne pas traiter les plaintes liées à des cas modérés de la même manière que celles qui ont trait à des cas extrêmes.

La nouvelle réglementation du Plateau en est une bonne illustration: bien que l'arrondissement ait toute la légitimité pour s'attaquer à un problème réel de bruit, était-il nécessaire de multiplier par dix les amendes infligées aux bars, restaurants et lieux de diffusions culturels tapageurs, menaçant ainsi leur existence même?

Car l'objectif, ne l'oublions pas, est de ramener le bruit à des niveaux acceptables, non pas de l'éradiquer de la cité.

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