L'essor des technologies et des énergies vertes est prodigieux. Et pourtant, le Canada a choisi de s'en ternir loin, tout à fait volontairement. Plus qu'une mauvaise décision environnementale, il s'agit d'une stratégie suicidaire sur le plan économique.

En effet, le marché des technologies et des services qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre -de l'éolien aux voitures hybrides en passant par l'efficacité énergétique- est promis à un brillant avenir.

On estime qu'il se hissera, au cours des 10 prochaines années, au troisième rang des secteurs en importance dans le monde.

La dernière année en fait foi. Malgré la crise économique, malgré une certaine «écolassitude» des citoyens et dirigeants, les gouvernements ont continué de miser sur l'énergie verte. Même que la majorité de la puissance installée en Europe, en 2009, était de source renouvelable.

Bien plus qu'un souci climatique, c'est une préoccupation économique qui a incité les capitales du monde à prendre ce virage.

Sinon, pourquoi les États-Unis auraient-ils misé à 50% sur le renouvelable, alors qu'ils n'ont pas ratifié Kyoto et n'ont pas de politique nationale de réduction des gaz à effet de serre?

Pourquoi la Chine, qui refuse toute cible de réduction absolue de ses émissions polluantes, serait-elle récemment devenue le principal investisseur du globe dans les énergies propres?

Or pendant que le train prend de la vitesse, le gouvernement Harper reste sur le quai. Il se tâte, réfléchit, délibère. Il répète un discours auquel personne ne croit plus, comme à Washington ces derniers jours. Il lance une «révision» des subventions. Il multiplie les esquisses de plans sans lendemains.

Mais dans les faits, rien. Il ne bouge pas.

Pire: il fait planer l'incertitude.

L'aversion du gouvernement Harper pour les énergies renouvelables est manifeste, quoi qu'il en dise. Aveuglé par son idéologie anti-réchauffement, il fait tout pour ne pas épauler cette industrie.

Voilà pourquoi le Canada est l'unique pays du G7 à s'être présenté à Copenhague, en décembre dernier, sans programme national de soutien aux énergies propres. Voilà pourquoi il est le seul pays occidental à snober l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, organisation qui compte tout de même 150 pays membres!

Tout cela est bien malheureux, d'autant que le Canada était jusqu'à maintenant dans la course, comme le confirme une étude dévoilée hier par Ernst & Young. Ses programmes écoÉNERGIE, dotés d'enveloppes substantielles, ont en effet permis ces dernières années de solidifier les reins d'industries bourgeonnantes, comme celles de l'éolien et de l'efficacité énergétique.

Mais le gouvernement Harper, hélas, a récemment placé ces programmes en «révision», l'équivalent des limbes dans le jargon conservateur. Il leur préfère maintenant le captage du carbone et le nucléaire, deux technologies qu'il ne faut certes pas écarter, mais qui n'offrent aucune réponse immédiate aux défis climatique et économique.

Dommage. Cette industrie fort prometteuse mérite bien plus que des bâtons idéologiques dans les roues.

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