L'Alberta est la cible d'une publicité-choc, invitant les Américains à tourner le dos à cette province engluée dans les sables bitumineux.

L'Alberta est la cible d'une publicité-choc, invitant les Américains à tourner le dos à cette province engluée dans les sables bitumineux.

La campagne a de quoi déplaire, mais elle est de bonne guerre.

Elle est certes démagogique, basée sur des données douteuses et une exagération des faits. Mais dans le fond, n'est-ce pas précisément ce sur quoi s'appuient l'Alberta et le lobby pétrolier pour faire la promotion de ce pétrole goudronneux?

Rappelons-nous la visite au Québec du premier ministre Ed Stelmach, en 2008. Il se présentait alors en «bon gestionnaire de l'environnement» et promettait d'exploiter les sables bitumineux «de façon à protéger la planète». Rien de moins.

Or il suffit de visiter la région de Fort McMurray pour constater les dommages causés et surtout, les limites «des règlements qui protègent le sol, l'air et l'eau», vantés par M. Stelmach.

Le meilleur exemple est la restauration des sites exploités. On prétend que les mines et les bassins de décantation retrouvent leur aspect bucolique, une fois le pétrole extrait. Mais après 40 ans d'exploitation, il n'existe qu'un seul endroit dont la restauration est officiellement certifiée, une minuscule terre de 1 km2... qui n'a jamais véritablement été altérée. On y déposait jadis la terre et les arbres arrachés en vue de l'extraction.

Bien difficile donc pour l'Alberta d'accuser les groupes écologistes de désinformation. Bien difficile aussi de faire la sourde oreille à leurs critiques, étant donné que cette offensive s'inscrit dans une vaste campagne internationale qui ne cesse de prendre de l'ampleur.

On en est peu conscient au Québec, mais le mouvement de protestation est croissant à l'étranger, particulièrement en Grande-Bretagne et aux États-Unis, où l'on étudie un troisième projet de pipeline en provenance de l'Alberta.

Au cours des dernières semaines, une cinquantaine de membres du Congrès se sont opposés à cet oléoduc, une manifestation a eu lieu devant l'ambassade du Canada à Washington et des centaines de chefs d'entreprise ont demandé à la Maison-Blanche de tourner le dos au pétrole canadien.

Cela s'ajoute à la couverture fort défavorable du National Geographic, aux vives critiques d'Al Gore et du président du GIEC, à la résolution des 1100 membres de la United States Conference of Mayors, qui se sont engagés à réduire, voire à interdire l'achat d'essence issue des gisements bitumineux.

On peut donc ignorer tout cela. On peut, comme Suncor, affirmer que le pétrole bitumineux trouvera preneur ailleurs dans le monde si les Américains n'en veulent plus.

Mais ce faisant, on pellette en avant un problème auquel on devra faire face un jour.

Rares sont ceux qui militent pour l'arrêt complet de l'extraction en Alberta. La plupart demandent plutôt, comme le président Obama, l'imposition d'une réglementation environnementale plus importante, afin de développer des procédés de production plus propres.

Si l'Alberta continue de refuser, elle fera face à une fronde grandissante... et à des marchés internationaux de plus en plus petits.

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