Le rapport du vérificateur général de Montréal dévoilé hier contient 400 pages, mais un seul message: les fonds publics sont gérés comme un vaste buffet à volonté, dans lequel l'entreprise privée pige en toute impunité.

Le rapport du vérificateur général de Montréal dévoilé hier contient 400 pages, mais un seul message: les fonds publics sont gérés comme un vaste buffet à volonté, dans lequel l'entreprise privée pige en toute impunité.

On l'a constaté ces derniers mois avec la gestion de la SHDM, le projet Faubourg Contrecoeur et le contrat des compteurs d'eau. Puis, on le constate à nouveau, cette fois, avec BCIA, Telus et l'octroi de certains contrats.

Ces dossiers ont beau être différents les uns des autres, ils possèdent deux points en commun: un relâchement de la surveillance administrative, volontaire ou non, et une compagnie qui en profite, d'une façon ou d'une autre.

C'est le cas de BCIA, une entreprise dont le contrat a été prolongé sans que les élus aient les documents nécessaires, dont les tarifs ont crû sans justification, et qui a touché d'importants montants de la Ville sans entente écrite, sans autorisation du comité exécutif, du conseil municipal ou du conseil d'agglomération.

C'est le cas de Telus, qui a obtenu un contrat sans que les besoins de la Ville aient été définis au préalable, sans plan directeur ni montage financier. Une anecdote révélatrice: l'entreprise avait fait miroiter d'importantes économies si elle obtenait deux contrats d'un coup, mais jamais la Ville, malgré l'octroi de ces contrats, n'a cru bon la relancer pour profiter d'une révision à la baisse de la facture.

C'est le cas aussi de la gestion des contrats de services professionnels, véritable fouillis à l'avantage, bien évidemment, du privé. Les contrats sont octroyés sans qu'aucune planification ne soit détaillée, sans que les besoins de la Ville ne soient circonscrits, ce qui se traduit immanquablement par des dépassements de coûts «surprises». Le laisser-faire est tel qu'on ne se demande même plus s'il était plus avantageux de réaliser les contrats à l'interne.

Et c'est le cas, enfin, de plusieurs arrondissements, dont les préférences pour certains entrepreneurs laissent le vérificateur «perplexe» devant telle «concentration». Anjou a accordé à Construction Louisbourg 100% des contrats examinés. Verdun a fait de même avec Entreprises Catcan. Et ainsi de suite.

Voilà des problèmes autrement plus graves que la transmission du rapport à Telus par le directeur de la Ville, un geste certes malhabile, mais commis de bonne foi jusqu'à preuve du contraire, dans un contexte de grandes tensions avec le vérificateur.

Ne tirons pas trop vite sur celui qui, justement, est en train de changer la culture municipale ayant mené à une gestion aussi déficiente des fonds publics. Louis Roquet aura besoin de toute son énergie pour implanter avec succès toutes ses mesures visant à prévenir la collusion et la fraude, rehausser l'éthique et les exigences des appels d'offres, etc.

Seul le temps - et les prochains rapports du vérificateur - nous dira s'il réussira. Mais au moins, le message semble avoir été entendu.

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