Depuis 2000, la police de Montréal a fait de l'éthique une priorité. Tous les employés ont été formés en ce sens. Un programme en éthique plus poussé a même été développé l'an dernier afin que les gestionnaires puissent distinguer avec plus d'acuité encore ce qui est moral de ce qui ne l'est pas.

Depuis 2000, la police de Montréal a fait de l'éthique une priorité. Tous les employés ont été formés en ce sens. Un programme en éthique plus poussé a même été développé l'an dernier afin que les gestionnaires puissent distinguer avec plus d'acuité encore ce qui est moral de ce qui ne l'est pas.

«Pour le SPVM, peut-on lire dans un document corporatif, l'éthique est un instrument utile d'analyse et de prise de décisions sur lequel l'ensemble de son personnel peut appuyer son jugement afin de poser le bon geste, au bon moment, de la bonne manière et pour la bonne raison.»

L'idée est d'agir en toutes circonstances «dans l'esprit d'un bon père de famille».

C'est à la lumière de ces grands principes qu'il faut analyser le cas de Mario Gisondi, numéro 3 du SPVM qui trouve le temps de présider à temps perdu une entreprise de construction.

Il n'y a rien d'illégal dans ce double emploi, rien de répréhensible non plus. Aucune règle de discipline interne n'a été violée directement. Aucun conflit d'intérêts n'a été soulevé.

Et pourtant, à défaut d'être illicites, les loisirs de M. Gisondi laissent, pour dire le moins, un profond malaise.

La question n'est pas de savoir si ce double emploi nuit à la charge de travail de ce cadre supérieur du SPVM, mais bien s'il peut placer Mario Gisondi dans une situation délicate ou inconfortable. Bref, si cette conduite est éthique ou si elle ne l'est pas.

Or poser la question, dans le contexte politique explosif actuel, c'est y répondre.

Le chef démissionnaire, Yvan Delorme, ne voit pas cela de la même manière. Pour lui, il n'y a aucun problème à ce qu'un de ses directeurs adjoints soit impliqué dans cette industrie puisque «c'est établi dans la loi: les policiers n'ont pas l'interdiction de travailler dans le domaine de la construction».

Curieux raisonnement. Il n'est pas inscrit non plus que les policiers sont prohibés de travailler pour une entreprise de contestation de contraventions. Et pourtant, le sergent Alfredo Munoz avait été suspendu sans solde, en 2006, lorsque le SPVM avait appris l'existence de son entreprise SOS Ticket.

Il n'y a évidemment aucun lien entre ces deux histoires, sinon le fait qu'un manque de jugement est à l'origine de l'une comme de l'autre. Ni M. Munoz ni M. Gisondi n'ont «posé le bon geste, au bon moment, de la bonne manière et pour la bonne raison», comme le veut pourtant l'éthique policière.

Malgré cela, le ministre Jacques Dupuis, qui rejette l'idée d'une commission d'enquête sous prétexte que la police a toute sa confiance, s'est contenté de qualifier ce double emploi d'«un peu inapproprié». À la Ville, on estime tout au plus qu'«il y a des questions qui se posent».

N'ayons pas peur des mots, il est carrément injustifiable qu'un des principaux membres de l'état-major d'une organisation impliquée dans l'Opération Marteau ait un lien d'affaires, quel qu'il soit, avec le milieu même qui est l'objet d'enquête.

Tout «bon père de famille» en conviendrait.

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