Il y a un mois presque jour pour jour, les représentants de plusieurs États américains côtiers ont alerté le Congrès des dangers du forage pétrolier en haute-mer. Contrairement à ce que prétend l'industrie, lançaient-ils, rien ne garantit la sécurité des plateformes construites au large.

Il y a un mois presque jour pour jour, les représentants de plusieurs États américains côtiers ont alerté le Congrès des dangers du forage pétrolier en haute-mer. Contrairement à ce que prétend l'industrie, lançaient-ils, rien ne garantit la sécurité des plateformes construites au large.

«Loin d'être une relique du passé, les fuites se produisent avec une fréquence inquiétante», prévenaient-ils avec en main, une liste de 40 fuites majeures à déplorer depuis 40 ans.

Aujourd'hui, cet avertissement frôle la prophétie, alors que les autorités américaines tentent de contenir la marée noire qui s'étend de façon alarmante dans le Golfe du Mexique.

Une fuite, soulignons-le, qui émane d'une plateforme moderne, équipée de la dernière technologie, qui avait été testée, de surcroît, une dizaine de jours avant l'explosion du 20 avril.

Une fuite, aussi, qui provient d'installations supervisées par British Petroleum (un temps Beyond Petroleum...), une des pétrolières ayant convaincu la Maison-Blanche que le forage pouvait se faire en toute sécurité dans les eaux arctiques et le long du littoral de l'Est américain.

C'est ce qui a mené l'administration Obama, au début du mois, à lever le moratoire qui existait sur le forage offshore depuis les années 80, en échange d'appuis républicains au projet de loi sur le climat, en cours d'élaboration.

Or ce monnayage apparaît chèrement payé, quand on constate les dégâts causés par une seule défaillance d'une seule plateforme. En plus des 11 morts et des coûts financiers, ce déversement risque en effet d'hypothéquer l'avenir de riches écosystèmes pour des décennies à venir.

Il faut savoir que malgré les propos rassurants d'Exxon en mars 1989, malgré les 10 000 travailleurs mobilisés pour nettoyer les berges du détroit du Prince William, le naufrage de l'Exxon Valdez empoisonne encore aujourd'hui la vie humaine, faunique et aquatique de la région.

Le nettoyage avance en effet à pas de tortue puisque les hydrocarbures déversés il y a plus de 20 ans sont bien enfouis dans les sédiments: à peine 4% sont éliminés chaque année...

Comment pourrait-il en être autrement dans le cas du Deepwater Horizon de BP, qui vomit 5000 barils de pétrole par jour à une profondeur atteignant les 1500 mètres?

Bien qu'on ne sache toujours pas combien d'États et de kilomètres de côtes seront mazoutés, on peut déjà qualifier cet incident de «catastrophe écologique». Et peut-être même, prochainement, de «catastrophe politique», si la Maison-Blanche s'entête à vouloir forer à courte distance du littoral.

Jusqu'à nouvel ordre, l'administration Obama entend permettre le forage le long des côtes atlantiques, du Delaware jusqu'en Floride, ainsi que dans les mers Chuchki et Beaufort, au nord de l'Alaska, afin de s'affranchir du pétrole étranger.

Mais à la lumière des dégâts pétroliers des dernières décennies, on peut se demander si la menace provenant des installations américaines n'est pas plus grande encore que celle, hypothétique, de quelques pays instables.

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