De passage à Montréal cet après-midi, Al Gore aura un impact bien moindre que les dernières fois.

De passage à Montréal cet après-midi, Al Gore aura un impact bien moindre que les dernières fois.

Celui qui prendra la parole au Sommet du millénaire ne fait plus le même effet, on le voit bien, qu'il y a deux ou trois ans, alors que chaque parole qu'il prononçait se buvait comme du petit-lait.

Nobélisé, oscarisé, Al Gore était alors vu comme l'homme par qui la vérité (qui dérange) était disséminée. À peine deux ans plus tard, le contexte a bien changé: le scepticisme est à la hausse, les sondages montrent un désintérêt croissant pour la chose climatique et le protocole de Kyoto est qualifié d'échec avant même son échéance.

Doit-on ranger Gore dans la catégorie des étoiles filantes? Pas si vite.

L'homme a ses défauts. Il représente le meilleur et le pire du lobby environnemental, qui a su convaincre le plus grand nombre par un discours bien étayé et bien présenté, mais qui s'est aussi éloigné du consensus scientifique en versant trop souvent dans l'alarmisme.

Ceux qui ont vu le documentaire An Inconvenient Truth se souviennent de deux éléments forts: le graphique de température en forme de bâton de hockey, qui trouait le plafond tant il grimpait rapidement ; puis les images de New York, de la baie de San Francisco et du Bangladesh englouti sous une mer dont le niveau aurait monté de six mètres.

Or les scénarios catastrophes, qu'ils soient formulés par Al Gore, David Suzuki ou Hubert Reeves, peuvent bien faire bouger les gens ponctuellement, à long terme ils risquent de les paralyser. Soit parce que la menace semble disproportionnée par rapport aux gestes individuels, soit parce qu'ils ne semblent pas se confirmer dans le quotidien, voire dans les études scientifiques.

Du coup, on ouvre la porte à un ressac. Que l'on vit actuellement.

Mais avant d'abandonner Gore aux oubliettes, il importe de se souvenir que ce n'est pas la première fois qu'un tel scénario se présente. Souvenons-nous qu'à la fin des années 80, avec l'accident de Tchernobyl et les pluies acides notamment, l'intérêt pour l'environnement était immense, avant de dégringoler pendant des années, atteignant un creux en 1996.

On reproduit donc un cycle, indépendamment des verts discours d'Al Gore.

Ce qu'il y a de différent cette fois, c'est que malgré un désintérêt pour les changements climatiques, malgré l'échec de Copenhague, certains acquis semblent là pour rester.

En ce Jour de la Terre, on le voit bien: les négociations internationales se poursuivent malgré l'écolassitude de bien des citoyens, la publicité fait encore la part belle aux produits moins dommageables pour l'environnement, les entreprises et gouvernements continuent de travailler à développer l'auto électrique, les technologies vertes, les transports alternatifs, etc.

Al Gore a peut-être perdu de sa superbe, il a néanmoins le mérite d'avoir contribué à faire passablement évoluer les mentalités.

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