Les conflits et les catastrophes humanitaires qui sévissent un peu partout sur la planète peuvent souvent apparaître lointains dans les pays industrialisés. Mais ils finiront par avoir un impact dans les pays en paix comme le nôtre s'ils se multiplient davantage.

La semaine dernière, le journal Le Monde dressait un portrait saisissant à partir des données vertigineuses du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dévoilées en juin. 

En 2013 sur la Terre, nous avons dépassé les 50 millions de personnes déplacées, une première depuis que l'ONU comptabilise cette réalité et tout indique que 2014 ne fera pas baisser la tendance. Ce sont les guerres en Syrie et en Irak, ainsi que les conflits d'Afrique, qui ont fait augmenter les chiffres.

C'est un calvaire pour les êtres humains forcés à l'exil, un problème pour les pays limitrophes des conflits, et une pression constante sur les pays d'accueil, plus particulièrement en Europe, où des voix s'élèvent pour une meilleure gestion et un meilleur partage des responsabilités dans cet afflux exponentiel. Le magazine The Economist a souligné que l'on se dirige vers la pire année depuis des décennies en ce qui concerne l'immigration illégale en Europe. Depuis janvier, plus de 100 000 sans-papiers auraient traversé vers l'Italie, dépassant le record de 60 000 pour toute l'année 2011, tandis que le nombre d'immigrants illégaux arrêtés à la frontière turque aurait augmenté de 143%.

Voilà qui donne des munitions à ceux qui veulent fermer les frontières, mais cela ne règle en rien le problème.

Le statut de réfugié est difficile à obtenir et, il ne faut pas se leurrer, ce ne sont pas les pays industrialisés qui absorbent la plus grande partie de ces migrations forcées: 33,3 des 51,2 millions de réfugiés sont des «déplacés internes», ce qui contribue encore plus à déstabiliser des zones déjà fragilisées. Plus de la moitié de tous les réfugiés provient de seulement trois pays: l'Afghanistan, la Syrie et la Somalie. Et les débordements se produisent chez leurs voisins immédiats, principalement le Pakistan, l'Iran, le Liban, la Jordanie et la Turquie.

«Nous constatons ici le coût énorme qui découle de l'incapacité à mettre un terme aux guerres et de l'échec à résoudre ou à prévenir les conflits», a déclaré en juin Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés. «La paix est aujourd'hui en déficit grave. Les humanitaires peuvent servir de palliatif, mais des solutions politiques s'imposent de façon cruciale. Sans cela, les niveaux alarmants de conflits et les souffrances massives illustrées par ces chiffres vont continuer.»

De toute évidence, l'année 2014 ne brillera pas dans les annales de l'histoire humaine. Elle annonce un avenir encore plus sombre si la communauté internationale ne décide pas que «l'ailleurs» est l'affaire de tous.