En offrant du bois pour la reconstruction de Houston, Produits forestiers Résolu fait la démonstration concrète du message que les élus d'ici tentent de faire passer en coulisses depuis des mois dans le cadre de la renégociation de l'ALENA et du conflit du bois d'oeuvre : les entreprises canadiennes sont des partenaires, et non des ennemis. Il faudrait d'autres gestes de ce type.

Personne ne peut rester indifférent devant les images de Houston dévastée par les eaux, mais Seth Kursman, un vice-président de Résolu qui a travaillé 12 ans dans cette ville, s'est senti interpellé.

Et lorsqu'il a demandé au grand patron de son entreprise, Richard Garneau, s'il était possible de donner un camion de bois de construction, la réponse a fusé : donnons-en plutôt un wagon. Quelque 110 000 pieds-planche de «deux par quatre», ça vaut environ 50 000 $ américains au prix de gros. Mais vous ne verrez pas ça dans un communiqué de presse : Résolu n'en a pas publié. Seth Kursman, un Américain d'origine qui travaille au siège social à Montréal, a plutôt contacté ses amis au bureau du maire et du gouverneur de l'État pour le leur annoncer. «Oui, nous avons beaucoup d'enjeux commerciaux avec les États-Unis. Mais c'est de la politique! Il faut savoir mettre ça de côté. En ce moment, nos voisins sont dans le besoin», nous a-t-il dit hier.

Le bois viendra de la circonscription du premier ministre québécois Philippe Couillard. La forestière canadienne va aussi envoyer des camions de papier hygiénique et essuie-tout de sa nouvelle machine à papiers sanitaires du Tennessee. Bref, une opération bien orchestrée - l'initiateur n'est pas responsable des communications d'entreprise et des affaires gouvernementales pour rien. L'histoire, qui est venue aux oreilles de l'agence La Presse canadienne, a été reprise et a circulé jusqu'en Europe et aux États-Unis. C'est évidemment favorable pour l'image de Résolu, mais aussi pour celle du Québec et du Canada. Dans le contexte actuel, ce n'est pas à dédaigner.

Les élus d'ici ont offert leur soutien habituel (incluant les services d'Hydro-Québec, qui n'ont pas été requis pour l'instant), mais les initiatives privées ont une autre portée. Surtout aux États-Unis, où les entreprises sont très présentes dans l'espace public. Plusieurs sociétés américaines ont ainsi offert plus que de l'argent. La chaîne de plein air Bass Pro Shops a donné plus de 80 embarcations pour les opérations de sauvetage. Samsung a promis des laveuses, sécheuses, ordinateurs et tablettes. Coca-Cola et Pepsi ont fourni des boissons. Anheuser-Busch et MillerCoors ont arrêté leur production de bière pour remplir des dizaines de milliers de canettes d'eau qu'elles ont livrées sur le terrain. Amazon a créé une «liste de souhaits de la Croix-Rouge» où les consommateurs peuvent offrir des pelles, des râteaux ou du ruban à masquer.

Et même si la facture des dégâts n'arrête pas de grimper (de 51 à 75 milliards US selon la dernière estimation de Moody's Analytics), la vie ne s'est pas arrêtée au Texas, surtout pas pour les gens d'affaires.

Ils ont même insisté pour que la Chambre de commerce du Canada maintienne sa mission économique prévue dans leur État cette semaine. Demain, elle en amènera des élus et des entrepreneurs du coin visiter les installations de deux employeurs canadiens, Bombardier et Vector Aerospace, histoire de leur rappeler les bénéfices concrets du libre-échange.

Résolu met au défi les autres manufacturiers nord-américains de faire un geste eux aussi. Les retombées d'un don en nature ne se mesurent pas en dollars - ça prendra des semaines avant que la forestière puisse même livrer ses produits. Pour une grande entreprise, toutefois, c'est une belle manière de montrer aux gens qu'elle n'est pas seulement généreuse, mais qu'elle rame dans le même bateau avec eux. Il y a là une occasion que toutes les sociétés canadiennes faisant des affaires aux États-Unis devraient s'efforcer de saisir.

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