Hydro-Québec planche sur un nouveau tarif résidentiel où le prix du kilowatt-heure ne serait plus fixe, mais varierait selon certains paramètres (heure, température extérieure, saison, etc.).

C'est un pas dans la bonne direction, mais il est bien timide.

Quel est l'objectif ?

- Réduire la consommation en périodes de pointe hivernales, durant lesquelles Hydro doit acheter de l'électricité à prix fort pour répondre aux besoins. Pensez à ces fameuses périodes de grand froid durant lesquelles Hydro recommande de baisser le chauffage et de reporter ou limiter l'usage de la sécheuse, du lave-vaisselle et de l'eau chaude.

- Ne pas se mettre à dos ces électeurs que sont les clients résidentiels. Vous ne lirez pas ça dans les documents officiels, mais c'est une considération incontournable qui limite considérablement les modifications qu'Hydro peut apporter à ses tarifs.

Quel sera ce nouveau tarif ?

- Hydro doit trouver une formule à la fois attrayante (pour convaincre les clients d'y adhérer) et efficace (qui fera vraiment baisser la demande résidentielle en période critique).

- Les tarifs pourraient varier en fonction de l'heure (comme dans le projet pilote mené de 2008 à 2010) ou de la température extérieure (comme pour le tarif biénergie DT, où le kilowatt-heure est facturé 5,5 fois plus cher lorsque le mercure tombe en bas de - 12 °C).

- La tarification variable pourrait s'appliquer seulement durant les 100 à 300 heures les plus critiques, ou tout l'hiver, ou toute l'année.

- Hydro dévoilera sa formule dans un mois, dans le dossier tarifaire qu'elle déposera à la Régie de l'énergie.

Que doit faire le client ?

- Garder la tête froide. Ce nouveau tarif s'appliquera seulement à l'hiver 2018-2019, peut-être pas partout au début, et il sera facultatif.

- Quand le programme sera officiel, le client devra se demander s'il lui permettra de réduire sa facture.

- Dans l'affirmative, il devra s'inscrire auprès d'Hydro et adapter ses habitudes de consommation. Sinon, il restera au tarif actuel.

Qu'est-ce que ça va donner ?

- Tout dépendra du talent d'Hydro à trouver la formule optimale et à convaincre ses abonnés d'y adhérer.

- Si le tarif Réso+ testé entre 2008 et 2010 avait été étendu à 100 000 abonnés, on aurait pu réduire les besoins de 20 à 27 MW, estime Hydro. C'est modeste (il en faudra jusqu'à 15 fois plus l'hiver prochain), mais chaque mégawatt qui n'est pas acheté à l'extérieur en période critique génère des économies pour la société d'État.

Pourrait-on faire mieux ?

- Les gains seraient plus importants si la tarification variable devenait la norme, et non une option. Évidemment, il faudrait des mesures pour les clients qui n'ont pas la capacité de moduler leur consommation - les ménages à faible revenu qui vivent dans un appartement mal isolé, par exemple. Par contre, il y a beaucoup de clients qui n'adhéreront pas au programme volontaire mais qui, si le tarif variable leur était imposé, feraient des efforts pour réduire leur consommation durant les périodes les plus coûteuses. On le voit avec les clients de la biénergie qui, lorsque le mercure descend sous - 12 °C, reportent des activités énergivores, comme le lavage-séchage.

Mais encore ?

- Le signal de prix devrait inciter à modérer l'appel de puissance individuel, recommande le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, dans son avis à la Régie de l'énergie. Oui, Hydro impose un tarif plus coûteux aux clients résidentiels dont la demande de puissance dépasse 50 kW, mais ce seuil est tellement permissif qu'il touche moins de 7000 clients. Un seuil plus bas interpellerait davantage d'abonnés. Ils seraient donc plus nombreux à faire attention de ne pas multiplier les usages qui augmentent l'appel de puissance en période critique (chauffage du spa, sécheuse, sèche-cheveux, etc.).

- Il faut une rétroaction en temps réel. Pour l'instant, l'abonné peut seulement voir sa consommation quotidienne, à condition d'aller sur le web. Hydro promet l'accès à la consommation horaire d'ici un an, toujours sur son site. Une application mobile ? On ne sait pas quand. Avec la consommation en temps réel ? Encore moins. On s'attend à plus des compteurs intelligents ! Voir l'impact d'un appareil énergivore sur la consommation inciterait sûrement plusieurs abonnés à l'utiliser en dehors de la période critique.

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