La Maison-Blanche n'a pas le monopole des revirements. Dans le sillage du scrutin de mardi, quatre États américains ont choisi de légaliser la marijuana récréative, et cinq régions ont adopté une surtaxe sur les boissons sucrées. De formidables terrains d'observation pour le Canada, où le débat sur ces deux dossiers chauds démarre à peine.

On a vu les longs bulletins de vote : à l'occasion de l'élection présidentielle, les Américains sont appelés à se prononcer sur une foule d'enjeux locaux.

Les électeurs de la Californie, du Nevada, du Maine et du Massachusetts ont ainsi voté pour la légalisation de la marijuana récréative. Avec le Colorado, l'Oregon, Washington, l'Alaska et le District de Columbia, c'est maintenant plus de 20 % des Américains qui vivent dans un endroit où tous les adultes peuvent consommer du cannabis. Un échantillon respectable : ils sont presque deux fois plus nombreux que la population canadienne.

Les électeurs de quatre villes (San Francisco, Oakland et Albany en Californie, ainsi que Boulder au Colorado) ont par ailleurs approuvé l'imposition d'une surtaxe sur les boissons gazeuses ou additionnées de sucre. Les autorités du comté de Cook, qui englobe Chicago, ont adopté une mesure semblable jeudi, rejoignant ainsi les villes de Berkeley et de Philadelphie, ainsi que le Mexique.

Il faut remercier ces citoyens de jouer ainsi les cobayes, et apprendre de leurs expériences.

C'est assez facile pour la marijuana, puisque la plupart des aspects sont visibles et quantifiables. On le voit au Colorado, où ce commerce se pratique en toute légalité depuis près de deux ans. Si les données sur les accidents ou la consommation sont encore insuffisantes pour tirer des conclusions, l'expérience est éclairante à d'autres égards.

Le fait que le cannabis demeure une substance contrôlée en vertu des lois fédérales américaines complique la vie aux entreprises, et crée des zones d'illégalité pour la population - comme les parcs nationaux au Colorado. C'est donc une bonne chose qu'Ottawa pilote le dossier pour tout le pays.

Légaliser ne veut cependant pas dire imposer. Le Canada devrait s'inspirer du Colorado, où ce sont les citoyens de chaque municipalité qui choisissent de permettre, ou non, la vente au détail et la consommation en public sur leur territoire.

La taxation des boissons sucrées, par contre, demandera beaucoup de recherches. Des études ont signalé une baisse de la consommation au Mexique et à Berkeley, mais pour ce qui est du surpoids ou du diabète de type 2, tout reste à faire.

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Ne nous leurrons pas : ces mesures dites progressistes sont une source de revenus bien pratique pour les élus. Ils en font souvent un usage vertueux (éducation, santé, itinérance, infrastructures) pour dorer la pilule, mais le cas de Chicago, qui a ciblé les boissons sucrées pour boucler son budget, montre que ces taxes risquent d'être de plus en plus évoquées comme remède à tous les maux.

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