L'agglomération montréalaise a du chemin à faire avant d'atteindre la cible de récupération des résidus alimentaires fixée par Québec. Les autorités municipales doivent commencer par offrir la collecte, mais les citoyens devront ensuite faire l'effort d'y participer.

Le taux de récupération des matières organiques* de l'agglomération (Montréal et 15 villes liées) a atteint 17 % l'an dernier. Comparé aux 10 % enregistrés cinq ans auparavant, c'est un progrès. Par rapport aux 60 % visés par la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, par contre, c'est loin du compte.

Et ce n'est pas parce que le délai était trop court : 60 %, c'était déjà la cible à atteindre en 2008 !

Le hic, c'est qu'on a attendu jusqu'à la fin des années 2000 pour aller au-delà des projets pilotes, et parler sérieusement des centres de traitement requis pour gérer les résidus de table à grande échelle. Résultat, on est toujours en rattrapage. L'objectif de desservir 536 000 portes dans les immeubles de huit logements et moins sera atteint seulement en 2019. Pour l'instant, il y en a à peine plus de la moitié de fait, montrent les chiffres de la Ville.

Encore faut-il que les résidants participent. Ce n'est pas garanti. Au moins 13 % des ménages québécois qui ne compostent pas ont pourtant accès à un programme municipal, note l'Institut de la statistique du Québec.

C'est tout un défi dans une ville comme Montréal, où les résidants ont souvent peu d'espace pour accumuler des matières putrescibles. Ils n'ont pas envie d'être chassés de leur balcon par les odeurs, et n'ont pas forcément de place au congélateur pour conserver ces restes.

En même temps, il faut reconnaître que les Montréalais ne sont pas les plus disciplinés en matière de gestion des rebuts. Pour favoriser la participation au recyclage, il a fallu instaurer la collecte pêle-mêle même si ce n'est pas l'idéal pour valoriser le contenu du bac. Plusieurs résidants ont aussi une vision très nombriliste de la propreté : tout ce qui compte, pour eux, est de se débarrasser de leurs déchets, peu importe où et quand ils les déposent sur la voie publique.

Jusqu'ici, les arrondissements ont surtout usé de sensibilisation, mais la Ville se donnera bientôt les moyens de sévir.

Le Règlement sur les services de collecte, qui sera soumis au conseil municipal lundi prochain, vise à interdire les résidus alimentaires et les matières recyclables dans les ordures ménagères. Les contrevenants seraient passibles d'amendes de 200 $ à 2000 $. Il n'est cependant pas question d'en faire une application « bête et méchante » du jour au lendemain, assure-t-on à la Ville.

C'est à éviter, en effet. Jouer à la police des poubelles en faisant pleuvoir les amendes n'est jamais très payant pour une administration municipale. D'autant que les vrais délinquants, ceux qui se font une fierté de défier les règlements, s'arrangent souvent pour ne pas être retracés.

La collecte de résidus alimentaires permet de les valoriser en produisant du compost mais, surtout, de réduire les problèmes causés par leur enfouissement (contamination des eaux, émissions de méthane, odeurs, vermine, etc.). Et comme ils représentent près de la moitié du sac-poubelle, les gains potentiels sont considérables. Il ne reste plus qu'à s'en convaincre.

* Le terme inclut les résidus verts, mais la progression est surtout due aux nouveaux logements desservis par les collectes de résidus alimentaires et mélangés, indique le Bilan 2010-2015 du plan directeur de gestion des matières résiduelles de l'agglomération de Montréal.

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