Le stratagème ayant permis à Volkswagen de faire homologuer des véhicules diesels non conformes ne vient pas seulement d'un petit groupe d'ingénieurs, mais a des ramifications jusque dans la haute direction, affirme l'État de New York dans une nouvelle poursuite. Ces allégations qui contredisent la version du constructeur relancent le débat sur la responsabilité des hauts dirigeants d'entreprise.

« Les allégations contre Volkswagen, Audi et Porsche révèlent une culture d'arrogance corporative profondément enracinée, combinée à un mépris conscient de la loi ainsi que de la protection de la santé publique et de l'environnement », a déclaré le procureur de l'État de New York mardi.

Si les causes se jugeaient sur les déclarations hors cour, Me Schneiderman partirait avec une longueur d'avance - pas tant pour son style, mais parce que sa version paraît nettement plus plausible. Volkswagen, on s'en souvient, avait affirmé que la décision d'installer des dispositifs pour déjouer les tests d'émission avait été prise par « un petit groupe d'ingénieurs en logiciels ».

Quel sens de l'initiative ! Ça forcerait l'admiration si ça ne laissait pas aussi sceptique.

Les causes, heureusement, se jugent sur la preuve. Les éléments cités dans le recours n'ont pas encore passé le test des tribunaux, mais ils sont embarrassants pour le constructeur.

Le stratagème qui a éclaté au grand jour l'an dernier a mijoté durant près de 10 ans et impliqué des dizaines d'ingénieurs, de cadres supérieurs et de membres de la haute direction, affirme la poursuite en citant de la correspondance et des données internes. L'ex-chef de la direction, Martin Winterkorn, et son successeur, Matthias Mueller, auraient été informés d'une partie du problème.

Volkswagen dit que ces allégations ne sont « essentiellement pas nouvelles » et juge « regrettable » que des États lancent des poursuites environnementales en ce moment.

De fait, des ententes totalisant plus de 15 milliards de dollars américains pour dédommager les consommateurs et réduire les émissions d'oxyde d'azote ont été annoncées il y a moins d'un mois aux États-Unis. Le non-respect des lois environnementales des États, pour lequel le Massachusetts et le Maryland ont aussi intenté un recours, n'est toutefois pas inclus.

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À première vue, il ne s'agit que d'une poursuite de plus dans la cour déjà bien pleine du constructeur.

- Les propriétaires de véhicules canadiens et européens attendent encore d'être dédommagés.

- L'enquête visant à déterminer s'il y aura des accusations criminelles se poursuit aux États-Unis.

- Et les autorités allemandes se demandent si le temps mis à reconnaître la crise ne constitue pas un cas de manipulation boursière.

Sauf que le procureur de l'État de New York ne se contente pas de réclamer des dommages.

Il met le doigt sur une plaie béante, soit l'absence de responsabilité en haut lieu. On l'a vu à répétition depuis 2008 : les entreprises versent des centaines de millions de dollars de pénalités sans reconnaître la moindre faute, et rares sont les dirigeants qui aboutissent en prison.

Quand il s'agit de justifier la rémunération des patrons, on évoque le caractère exceptionnel de la tâche et des individus qui l'accomplissent. Mais quand vient le temps d'assumer ce genre de décisions, il n'y a plus personne. Franchement, c'est une insulte à l'intelligence.

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