Quelques heures après avoir été la cible d'attentats qui ont fait au moins 44 morts, l'aéroport Atatürk avait déjà repris du service. Le tourisme, qui est l'un des importants moteurs économiques du pays, prendra toutefois beaucoup plus de temps à s'en remettre.

Il n'y a pas si longtemps encore, la Turquie était l'une de ces destinations chouchou qui attirent un public très large, des jeunes aux retraités en passant par les couples et les familles avec de jeunes enfants. Et pour cause. Avec ses murs chargés d'histoire, ses plages magnifiques, ses paysages spectaculaires et sa cuisine savoureuse, l'endroit a énormément à offrir - et, ce qui ne gâche rien, à coût abordable à proximité de l'Europe.

Hélas, la succession d'attentats qui ont frappé Istanbul et Ankara depuis octobre a passablement refroidi des amateurs de beauté et de douceur de vivre.

De janvier à mai, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 23 % par rapport à la même période l'an dernier.

Les liens diplomatiques renoués avec Israël et la Russie en début de semaine laissaient entrevoir des jours meilleurs. La Russie, deuxième clientèle touristique en importance après l'Allemagne, venait notamment de lever son interdiction sur les vols charters à destination de la Turquie. Puis est arrivé ce mardi meurtrier.

Bien sûr, les terroristes auraient pu cibler un autre lieu public très achalandé et y faire autant, sinon plus de victimes. Mais en visant l'aéroport Atatürk, troisième d'Europe pour la fréquentation et l'un des rares à imposer un double contrôle de sécurité, ils ont touché le pays à la jugulaire.

« Le moment est maintenant venu de soutenir la Turquie », a lancé le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme dans les heures suivant les explosions. Les autorités locales ont fait preuve d'un aplomb remarquable en rouvrant l'aéroport dès le lendemain, même si les traces du drame étaient encore bien visibles. (À titre de comparaison, l'aéroport de Bruxelles, touché par des attentats de facture similaire, a mis plus de 10 jours à rouvrir au printemps dernier.) Malheureusement pour les Turcs, les étrangers n'auront pas tous la même détermination. Parmi ceux qui se demandaient encore s'ils iraient à Istanbul cette année, plusieurs répondent désormais par la négative.

On l'a vu à Paris comme à Bruxelles, à Boston comme à Orlando : prévenir et déjouer les desseins terroristes requiert une vigilance de tous les instants. La situation géopolitique particulièrement complexe de la Turquie ajoute au défi, mais le président Erdogan n'aura pas le choix d'en faire une priorité absolue. Il doit restaurer un climat plus sécuritaire, d'abord pour sa population, mais aussi pour ne pas perdre l'une de ses principales sources de devises étrangères.

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