Les négociations tendues entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) font peser la menace d'une interruption de service dès la fin de semaine. C'est un scénario désastreux qu'il faut absolument éviter. Les parties doivent continuer à négocier pour trouver un terrain d'entente.

Les deux conventions collectives en jeu touchent près de 50 000 employés clés, dont les facteurs, le personnel des bureaux de poste et des centres de tri ainsi que de nombreux employés techniques. En cas de grève ou de lock-out, le traitement et la livraison du courrier seront interrompus dans tout le pays.

Jusqu'ici, le ton est encourageant, mais pas complètement rassurant. Employeur et syndicat assurent vouloir négocier, sauf que chacun est assis sur un baril de poudre avec un briquet à la main.

Les parties sont sous le coup d'une période de restriction qui les empêche de déclencher un lock-out ou une grève avant le 2 juillet. À partir de cette date, par contre, plus rien ne s'y oppose. Il suffit d'un préavis de 72h pour que l'employeur ou le syndicat aille de l'avant et paralyse le service postal. Personne n'a donné de tel préavis au moment d'écrire ces lignes. La tension, toutefois, continue de monter. La prolongation de la période de restriction demandée par le syndicat ayant été refusée par l'employeur, le compte à rebours peut être déclenché à tout moment. Les parties doivent tout faire pour éviter d'en arriver là, car ce serait une grave erreur.

Une suspension des activités ne causerait pas seulement du tort aux citoyens et aux entreprises qui comptent sur Postes Canada, mais aussi à l'organisation elle-même.

En plus de perdre des revenus pendant le conflit, la société d'État risque de voir une partie de son volume d'affaires filer définitivement.

Le volume de lettres, qui a déjà chuté de près du tiers depuis 10 ans, s'effriterait encore davantage puisque les consommateurs forcés de se tourner vers les transactions électroniques ne reviendraient pas tous au papier. Certes, le produit est en déclin, mais il fournit encore près de la moitié des recettes de Postes Canada. On n'a aucun intérêt à l'accélérer l'érosion.

Un conflit nuirait aussi à l'activité la plus prometteuse, la livraison de colis. Grâce à ses efforts de développement, la société d'État est devenue une solution privilégiée pour le commerce en ligne. Un arrêt de service la rendrait toutefois beaucoup moins sympathique aux yeux des marchands, qui risquent de perdre des ventes à cause des craintes des consommateurs. De quoi en convaincre quelques-uns de faire affaire avec d'autres services de livraison...

Un arrêt de travail serait d'autant plus injustifié que les deux conventions collectives sont échues depuis décembre et janvier dernier seulement. On a vu bien pire. La seule chose qui presse en ce moment, c'est de négocier. On s'attend à ce que les représentants patronaux et syndicaux s'y attellent sérieusement, et s'abstiennent de saboter l'entreprise qui les fait vivre.

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