Qu'ils soient attribuables aux changements climatiques ou non ne change rien à l'affaire. Les épisodes très coûteux imputables aux incendies de forêt, inondations et autres déchaînements de la nature se multiplient.  Il faut être conséquent, et prendre des mesures pour limiter la note.

Même si l'on ignore encore la somme de la facture, on sait qu'elle sera sans précédent. Les incendies de forêt qui ont forcé l'évacuation de plus de 80 000 personnes dans la région de Fort McMurray pourraient avoir causé jusqu'à 9 milliards de dollars de dégâts, ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire canadienne.

Aussi spectaculaire soit-il, cet événement s'inscrit dans une tendance de fond.

Un désastre naturel qui coûte plus de 25 millions aux assureurs n'a plus rien d'exceptionnel. Depuis 2009, on en compte au moins cinq par an. Il y en a pour 1 milliard ou plus chaque année, montrent les chiffres du Bureau d'assurance du Canada.

Et c'est sans compter les indemnités versées par les gouvernements. Le coût annuel moyen des Accords d'aide financière en cas de catastrophe augmente constamment depuis 20 ans à cause du nombre et de l'intensité des événements météorologiques d'envergure, souligne le Bureau du directeur parlementaire du budget à Ottawa.

On ne peut empêcher les pluies diluviennes ni étouffer chaque incendie de forêt dans l'oeuf, mais des mesures préventives peuvent limiter les coûts et les dégâts de tels épisodes. Il est trop tôt pour dire ce qui aurait pu, ou dû être fait à Fort McMurray. On sait toutefois que les meilleures pratiques sont rarement la norme dans les zones à risque.

Plusieurs principes (toiture et murs extérieurs résistants au feu, réduction de la végétation combustible dans un rayon de 10 mètres, etc.) devraient être intégrés aux codes du bâtiment provinciaux pour les maisons construites à proximité d'une forêt, recommande l'Institute for Catastrophic Loss Reduction, affilié à l'université ontarienne Western. De nombreuses autres précautions devraient être prises dans l'aménagement des communautés et des forêts adjacentes, montrent les guides Intelli-Feu de l'organisme FireSmart Canada.

Malheureusement, la prévention est plus souvent vue comme une dépense évitable que comme un investissement rentable à long terme.

On blâme les caprices de la nature, mais la nature humaine n'est guère plus raisonnable. On en a eu un bel exemple chez nous après le débordement de la rivière Richelieu en 2011, lorsque Québec a permis la reconstruction en zone inondable -  une décision vertement dénoncée par de nombreux scientifiques.

Il est toujours tentant de ménager les propriétaires et les municipalités concernés, mais il faut se rappeler qu'en cas de coup dur, c'est l'ensemble des contribuables qui éponge la note. Or, avec la multiplication des épisodes climatiques extrêmes, cette solidarité sera de plus en plus sollicitée. Si l'on veut pouvoir continuer à affronter ces événements, il va falloir gérer les ressources intelligemment, et maîtriser ce qui peut l'être.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion