Sept ans après avoir été rayée du programme, l'éducation économique fera un retour en cinquième secondaire à partir de septembre prochain. Un retour timide, hélas, puisque le nouveau cours sera facultatif, aussi bien pour les élèves que pour les écoles. C'est injuste. Ces jeunes auront bientôt à prendre de nombreuses décisions financières lourdes de conséquences. Assurons-nous que tous aient un minimum d'outils pour les affronter.

Ce cours d'éducation financière couvrira trois grands aspects : la consommation, l'intégration au monde du travail et la poursuite des études. Un minimum pour quiconque, en devenant adulte, se retrouvera bientôt devant une foule de choix et de responsabilités de nature économique (compte de cellulaire, carte de crédit, bail, prêts étudiants, droits et obligations vis-à-vis des employeurs, etc.).

Ce n'est pas pour rien que cette matière était réclamée de toutes parts depuis la fin du cours d'éducation économique en 2009 : elle est indispensable dans le monde dans lequel nous vivons.

Le ministre de l'Éducation et ses fonctionnaires ne le voient malheureusement pas ainsi. Le nouveau cours sera optionnel, et deux fois plutôt qu'une : les élèves auront le choix de le prendre ou non... à condition que l'école le propose.

En effet, les établissements sont tenus d'offrir seulement deux matières en cinquième secondaire, soit la chimie et la physique. Toutes les autres (théâtre, informatique, espagnol, alouette) sont à leur discrétion. La décision de faire de l'éducation financière une matière optionnelle réduit donc doublement les chances que les élèves y soient exposés.

On dit « consommation », « économie » et « finance », mais en réalité, c'est de survie qu'il s'agit. Quand on ignore ce qu'implique une cote de crédit, une faillite ou une banale dette d'étude de plusieurs dizaines de milliers de dollars, on risque de faire des gestes qui boucheront les horizons durant des années.

Certains jeunes ont la chance d'être bien conseillés à la maison, de comprendre ces enjeux d'eux-mêmes ou de fréquenter un établissement qui a continué à les enseigner. Tant mieux pour eux, mais ça ne répond pas aux besoins de l'ensemble de la population étudiante. Les élèves qui ne sont pas naturellement exposés à ces notions élémentaires dépendent de l'école pour y avoir accès. Mais en sont-ils conscients ?

C'est beaucoup demander à un jeune de 16 ou 17 ans de choisir, entre tous les cours optionnels qui s'offrent à lui, celui qui propose de lui parler d'endettement, d'impôt sur le revenu et de calcul de prêts et bourse. Les profs auront beau rendre le contenu aussi proche que possible du vécu des ados, ça ne changera rien à l'affaire. Si tous les cours actuellement au programme devenaient optionnels, très peu feraient l'unanimité. Et pourtant, beaucoup sont obligatoires : c'est la base d'une formation générale.

Modifier le programme est toujours un défi. Mais si on a réussi à enlever un cours d'éducation économique obligatoire qui occupait 100 heures en 2009, on est certainement capable de faire l'inverse avec ce nouveau cours de 50 heures.

« Le passage à l'âge adulte s'accompagne d'une responsabilisation accrue des individus. Les situations courantes se complexifient, notamment celles relatives aux finances personnelles, qui nécessitent de faire des choix aux effets multiples et durables », souligne le ministère en introduction de son programme d'éducation financière.

Bien dit. Le passage à l'âge adulte n'est pas une option. Et le cours qui prépare les jeunes à ses réalités économiques ne devrait pas l'être non plus.

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