Mesurant moins de 2 mm de diamètre, les microbilles synthétiques issues des exfoliants et autres produits d'hygiène personnelle font figure de grains de sable comparé aux amas de plastique flottant sur les océans. N'empêche, Ottawa a raison de vouloir les interdire. Ce serait un geste significatif dans la lutte aux plastiques superflus.

On retrouve des microbilles de nylon, de polyéthylène et d'autres polymères dans toutes sortes de produits. Qu'elles ajoutent de la texture, comme dans les nettoyants, ou rehaussent l'apparence, comme dans les dentifrices, elles ont pour but de rendre les produits plus attrayants aux yeux des consommateurs. Au point de vue environnemental, par contre, elles sont une véritable nuisance. Après avoir fait disparaître la saleté et les peaux mortes, elles ne disparaissent pas dans le drain. Au contraire, elles continuent leur chemin, intactes, passent à travers les filtres des systèmes de traitement d'eaux usées et aboutissent dans les lacs, les rivières et les fleuves. Les biologistes qui prélèvent des échantillons dans le Saint-Laurent et les Grands Lacs en retrouvent presque à tout coup.

L'étude des impacts environnementaux des microbilles est encore très jeune.

Jusqu'ici, on ne rapporte aucun problème pour la santé humaine. Par contre, leur présence dans la chaîne alimentaire est bien documentée.

On en retrouve dans de petits invertébrés marins, des poissons et des mollusques. Or, les plastiques ont une fâcheuse tendance à accumuler les polluants, comme les BPC. En plus d'être des corps étrangers pour ces animaux, les microbilles peuvent libérer des substances toxiques dans leur système digestif.

Le projet de règlement déposé récemment par Environnement et Changement climatique Canada, qui interdirait les microbilles dans les produits de soins personnels en les inscrivant à la Liste des substances toxiques, est donc plutôt une bonne chose.

En effet, elles se sont répandues comme une traînée de poudre ces dernières années. On en retrouve notamment dans les gels et savons pour le bain et la douche, dans les soins du visage (nettoyants, antirides, hydratants) et du corps (lotions, talcs, baumes, vernis à ongles) ainsi que dans plusieurs autres produits (dentifrices, traitements contre l'acné, etc.).

Un flacon de 150 ml peut contenir de 137 000 et 2,8 millions de microbilles. Si la concentration varie beaucoup d'un produit à l'autre, certains relâcheraient près de 95 000 particules à chaque utilisation, indique le résumé scientifique publié par Ottawa l'été dernier.

Les interdictions entreraient progressivement en vigueur sur deux ans, du 31 décembre 2017 (fabrication et importation de produits de soins personnels) jusqu'au 31 décembre 2019 (vente de produits de santé naturels et de médicaments sans ordonnance).

Les microbilles contenues dans les médicaments d'ordonnance et dans les produits industriels ne sont malheureusement pas visées par le règlement. Est-ce parce que ces préparations sont plus difficiles à reformuler  ? Il sera important que le fédéral s'explique et dise comment il entend s'attaquer aux autres sources dans le futur. En attendant, il devrait au moins inclure les produits d'entretien ménager qui, tout comme dans les produits d'hygiène personnelle, ne peuvent se prétendre de nécessité vitale.

Participez à la consultation fédérale sur les microbilles

Les microbilles sont partout

« Les microbilles ont été retrouvées dans les exfoliants, les produits pour la douche et le bain, les nettoyants pour le visage, les crèmes, les désodorisants, les fonds de teint, les vernis à ongles, les ombres à paupières, les lotions pour le rasage, les produits moussants pour le bain, les colorants capillaires, les insectifuges, les dentifrices, les fards à paupières, les fards à joues, les fixatifs capillaires, les maquillages liquides, les mascaras, les produits de soins pour bébés, les lotions et les lotions solaires. Les microbilles peuvent également être trouvées dans d'autres utilisations ou produits de consommation, y compris les produits de nettoyage et les cartouches d'encre pour imprimantes. »

« Les microbilles sont également utilisées dans les produits industriels, comme les milieux abrasifs (p. ex. sablage à l'aide de billes de plastique sur les chantiers navals, les installations de production, comme les vêtements et les pièces d'automobiles), l'industrie (p. ex. explorations pétrolières et gazières, impression des textiles et pièces moulées pour automobile), les autres produits de plastique (p. ex. antidérapants, applications antiblocages) et les applications médicales (recherche biotechnologique et biomédicale). »

Source : Microbilles - Résumé scientifique, gouvernement du Canada, juillet 2015

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