Le Commissaire à la santé et au bien-être mène actuellement une consultation sur les soins et services qui devraient être couverts au public. Un sujet controversé, devant lequel on ne doit cependant pas se dérober.

L'exercice est loin de faire l'unanimité parmi les groupes qui s'intéressent de près au système de santé. Plusieurs craignent qu'il ne conduise automatiquement à une réduction des soins ou des services couverts. Certains considèrent même que certaines questions ne devraient pas être posées au grand public.

Le sondage qui a donné le coup d'envoi à cet exercice avait effectivement de quoi laisser perplexe. Les scénarios sur lesquels les répondants avaient à se prononcer étaient à la fois compliqués et limités. Il faudra en tenir compte dans la lecture des résultats. Si le commissaire avait fondé son rapport sur cette seule enquête, ç'aurait été inacceptable. Heureusement, ce n'est qu'une partie de la consultation.

La deuxième étape, un appel de mémoires auprès d'organismes et individus, a récolté une cinquantaine de contributions. Les commentaires vont bien au-delà de la simple liste de soins de santé ou de services sociaux qui devraient être ajoutés ou retranchés. Plusieurs ne se sont d'ailleurs pas gênés pour critiquer le processus lui-même. Bref, les gens disent ce qu'ils ont à dire. Et ça ne fait que commencer.

L'appel de commentaires vient d'être élargi à tous les citoyens. Ils sont invités à répondre à un questionnaire en ligne très simple, dont deux points sur quatre sont des questions ouvertes. Souhaitons qu'ils soient nombreux à le faire. Les lecteurs de nos pages le savent, les Québécois en ont long à dire sur leur système de santé.

C'est l'occasion de se faire entendre et de témoigner des besoins réels.

S'il est vrai que les patients n'ont pas toutes les données en main pour suggérer la meilleure façon de réorganiser les services, leur expérience concrète est aussi importante que les opinions d'experts. Aucun ne peut remplacer l'autre, les deux doivent être pris en considération.

L'assurance maladie a vu le jour à une époque où il n'y avait pas autant de traitements et où la longévité, propice à la multiplication des problèmes de santé, était moindre. Depuis, l'État a toujours l'air en rattrapage par rapport à un idéal, noble mais jamais atteint, de couverture universelle. Beaucoup de patients, notamment en première ligne et en santé mentale, sont laissés à découvert. En refusant de discuter de ce qu'il faudrait prioriser, on ne protège pas le système public. On s'assure seulement que ce soient toujours les mêmes qui sont laissés pour compte.

La composition du panier de services n'est cependant qu'un élément du puzzle. En ne regardant que ça, on risque de se limiter aux changements les plus faciles, et de négliger les plus porteurs. Il faut aussi revoir le volume de paperasse exigé des professionnels de la santé, qui réduit le temps disponible pour voir des patients. Et s'organiser pour qu'à résultat égal, les soins soient fournis de la façon la moins coûteuse. Entre autres.

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