Le grand patron de la Gendarmerie royale canadienne (GRC) a frappé un grand coup cette semaine en admettant que des agents sont racistes et en s'engageant à sévir. C'est tout à son honneur. Mais il doit aussi s'attaquer aux réflexes, beaucoup plus insidieux, qui peuvent inciter les policiers à traiter les autochtones différemment.

C'était la première fois qu'un commissaire de la GRC assistait à une assemblée extraordinaire des chefs des Premières Nations. Et Bob Paulson n'a pas joué les plantes vertes. « Il y a des racistes dans mes rangs. Je n'en veux pas », a-t-il lancé à un chef qui l'interpellait sur les racistes « munis d'une arme et d'un insigne ».

Cette sortie étonnante, survenue deux jours après l'annonce de la commission d'enquête sur les disparitions de femmes autochtones, vise autant le corps policier que l'assemblée des chefs. Malgré les pouvoirs disciplinaires accrus évoqués par M. Paulson, le racisme n'est pas une distinction qu'on exhibe sur son uniforme. S'il veut améliorer les relations avec les autochtones, il ne peut pas se contenter de sanctionner quelques cas évidents - à supposer qu'il y en ait. Il doit s'intéresser au climat général. A-t-on tendance à traiter les disparitions d'autochtones avec moins d'empressement que s'il s'agissait de femmes blanches ? C'est ce qu'il faut cibler.

Et pour cela, il faut plus qu'une déclaration devant les caméras, aussi spectaculaire soit-elle. Il faut donner le ton de toutes les manières possibles.

Le commissaire pourrait commencer par son prochain rapport annuel sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Le dernier, on s'en souvient, avait suscité une levée de boucliers avant même sa publication. À la décharge de la GRC, c'est surtout à cause de l'ex-ministre conservateur Bernard Valcourt. Contrairement au ministre, qui s'était contenté de souligner que la majorité des meurtriers sont eux-mêmes d'origine autochtone, le rapport mentionnait d'entrée de jeu que la plupart des femmes victimes d'homicides sont tuées par des hommes proches, et ce, « quelle que soit leur origine ethnique ».

N'empêche : sans minimiser le rôle de la violence familiale, la GRC devrait s'attarder davantage au sujet qui lui est le plus souvent reproché, c'est-à-dire ses enquêtes sur les disparitions. Son dernier rapport a beau affirmer qu'elles sont menées avec diligence et avec les ressources appropriées, les témoignages des proches des victimes font douter que ce soit toujours le cas.

Oui, les policiers qui côtoient des autochtones font parfois face à des réalités difficiles. Ce n'est pas une excuse pour ne pas se montrer à la hauteur. On s'attend à ce que tous les signalements de disparition soient traités avec le même sérieux et le même professionnalisme, peu importe l'origine des victimes. Cela vaut autant pour la GRC, dont relèvent environ 40 % des autochtones, que pour tous les corps policiers qui interagissent avec ces populations.

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