Le milliard de dollars US que l'État québécois avancera pour soutenir la C Series de Bombardier est pleinement justifié. On aurait cependant préféré que l'argent des contribuables soit mieux protégé contre les risques du programme.

Le gouvernement n'a pas seulement bien fait d'investir, il n'avait pas le choix. Contrairement à ce qu'affirmait un média canadien-anglais récemment, l'attachement du Québec aux activités aéronautiques de Bombardier n'est pas émotif. Il est très intéressé.

Cette division emploie des milliers de travailleurs très bien payés et achète des centaines de millions de dollars de biens et services dans la province. L'écrasement de la C Series ne nous priverait pas seulement d'une grande part de ces retombées. Il laisserait un gouffre béant au coeur de notre industrie aéronautique.

Le gouvernement ne pouvait donc pas rester les bras croisés devant les problèmes de liquidités de Bombardier. Si personne n'était prêt à tendre la perche, il devait le faire. Et l'entreprise, justement, ne donnait pas l'impression d'avoir l'embarras du choix. Dans ces circonstances, on se serait attendu à ce que Québec, tout en croyant à la réussite du programme et en y contribuant activement, protège mieux les fonds publics contre le scénario du pire.

Le processus de certification du modèle CS100 est accompli à plus de 90 %, et 15 à 20 unités devraient être produites en 2016. La certification du CS300 devrait suivre de près, a indiqué l'avionneur en soulignant les performances de l'appareil. Et la direction est convaincue que l'amélioration des liquidités redonnera confiance aux acheteurs potentiels. Les convaincre d'opter pour la C Series, plutôt que pour un Airbus ou un Boeing, demeure néanmoins un défi. Malgré tout le succès qu'on lui souhaite, force est de reconnaître qu'il reste une part d'incertitude.

Pourquoi investir uniquement dans ce programme qui ne génère pas encore de revenus, et non dans la société mère, Bombardier, qui vend pour des milliards de dollars d'avions et de matériel roulant ? La question, posée à de multiples reprises jeudi, n'a pas reçu de réponse convaincante.

Le gouvernement a exigé que les activités de la C Series demeurent ici durant 20 ans. Il a également obtenu des bons de souscription pour 200 millions d'actions de Bombardier, qui permettront de réaliser des profits si le titre remonte au-dessus de 2,21 $ durant une période donnée. Bref, on s'est assuré que le succès de la C Series profite au Québec. C'est bien. En cas d'échec du programme, par contre, l'État n'aurait pas grand-chose sur quoi se replier. On n'imagine pas la Caisse de dépôt, qui est pourtant une actionnaire importante de Bombardier, réaliser un investissement aussi substantiel à de telles conditions.

Le Québec a, plus que jamais, intérêt à ce que Bombardier remporte son audacieux pari. Souhaitons que le risque qui plane sur la C Series ne se matérialise jamais, et finisse par s'effacer devant le succès éclatant de ces avions.

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