Deux rapports commandés par Québec viennent de confirmer l'efficacité et la pertinence de la psychothérapie. Une bonne nouvelle pour ceux qui ont besoin de tels traitements et n'ont pas les moyens de s'en payer au privé. Reste à trouver comment augmenter l'accès sans créer un programme incontrôlable.

Dans son premier rapport, l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) conclut, après avoir épluché de nombreuses études, que la psychothérapie est aussi efficace que la médication dans le traitement des troubles anxieux ou dépressifs modérés. Ses effets bénéfiques durent même plus longtemps, la rendant plus efficace contre les rechutes. Dans le second document, l'agence gouvernementale détaille l'expérience de deux pays qui ont élargi leur couverture publique de la psychothérapie.

Ces constats ne devraient pas être pris isolément, mais de façon complémentaire. En effet, si le Royaume-Uni et l'Australie ont cru à l'utilité de la psychothérapie, ils n'ont pas pour autant opté pour une formule de bar ouvert.

L'offre a été élargie progressivement, en commençant par des clientèles plus ciblées, comme les adultes souffrant de dépression ou d'anxiété.

De plus, la couverture se limite en moyenne à 10 ou 12 séances. Certes, on ne peut pas tout régler dans un tel cadre, mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien faire non plus. Avant de déchirer sa chemise, il faudrait se rappeler que la plupart des régimes d'assurances privés et des programmes d'aide aux employés offerts en entreprise limitent le nombre de séances ou les honoraires remboursés annuellement.

D'ailleurs, l'INESSS ne va pas jusqu'à recommander d'ajouter la psychothérapie au panier de services universel. Cette question fera l'objet d'une troisième étude, attendue à la fin de l'an prochain, dans lequel l'agence analysera divers enjeux, dont l'offre de service existante et le rapport coût-bénéfice de tels traitements.

La disponibilité des thérapeutes devra aussi être prise en considération. L'embauche massive de psychologues ne nous apparaît pas comme une bonne solution. La création de nouveaux postes impose des charges et des obligations importantes au Trésor public et, de toute façon, le réseau de la santé a déjà du mal à recruter ces professionnels. Il faudrait envisager des formules plus flexibles, comme l'achat de services, à un tarif négocié, en pratique privée.

Une meilleure couverture de la psychothérapie aurait des retombées économiques positives, en permettant notamment à des patients de retourner travailler, mais elle ne serait pas à coût nul pour l'État. Les fonds publics étant limités, il faut s'assurer d'en tirer le meilleur parti. Si l'on prétend élargir l'accès à ces traitements, il faudra se donner comme objectif d'en fournir aux patients qui ne sont pas capables de s'en payer, et non de les rendre gratuits à ceux qui en ont les moyens.

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