C'est un peu ce que recommande le bureau du Vérificateur général au sujet de la lutte contre l'obésité. Comme souvent, ce ne sont pas les initiatives gouvernementales qui manquent, mais le suivi. Certes, le problème est complexe. N'empêche, il y a moyen de faire mieux.

Plus d'un adulte sur deux et près d'un jeune sur quatre affichent un excès de poids. Or, le surpoids et l'obésité augmentent le risque de multiples problèmes de santé. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) fait de la sensibilisation depuis près 40 ans, mais on ignore s'il atteint ses objectifs, montre le rapport du Commissaire au développement durable publié cette semaine. (Le commissaire, qui relève du Vérificateur, a réalisé cet examen, car l'accès à une saine alimentation et sa promotion figurent parmi les objectifs de la Stratégie gouvernementale de développement durable.)

Vouloir hausser de 5 % le nombre de Québécois qui mangent leurs cinq portions de fruits et légumes ? Bonne idée... si on savait combien le font déjà. À l'inverse, l'objectif de réduire la prévalence de l'obésité et de l'embonpoint de 2 % et 5 % était au contraire très précis, mais irréaliste.

À la décharge du MSSS, personne n'a trouvé la formule magique qui permette d'inverser la tendance dans des populations de plusieurs millions de personnes.

L'idée d'une taxe sur la malbouffe avancée par le commissaire a été rapidement écartée par la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois. Sage décision. Si une telle taxe serait assurément payante pour l'État, et pourrait financer la lutte contre l'obésité, ses effets bénéfiques sur la santé de la population sont loin d'être garantis. Au Mexique, la taxe imposée sur les boissons sucrées semble effectivement avoir fait diminuer les ventes. Reste à voir si le recul espéré du diabète suivra.

Davantage que des mesures spectaculaires, le Québec a besoin d'une approche cohérente et rigoureuse. Même si on fait plutôt bonne figure en Amérique du Nord, le surpoids fait tache d'huile.

Quelque 22 % des écoles publiques ont au moins un restaurant-minute dans un rayon de 10 minutes de marche. À 15 minutes, la proportion grimpe à 37 %. Et ça, c'était en 2009. Comme peu de municipalités ont adopté des exclusions de zonage, la proportion pourrait bien avoir augmenté. Ce n'est pas innocent. Près d'un élève du secondaire sur trois a ingurgité de la malbouffe dans un restaurant à au moins trois reprises durant la semaine d'école, montre la dernière Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire. Un sur quatre seulement n'en a pas mangé du tout.

La ministre Charlebois envisage d'imposer des règles de zonage. Le prochain programme national de santé publique établira des responsabilités et permettra de mesurer les résultats, promet aussi le MSSS. Il le faudra. Quand on ne se donne pas les moyens d'évaluer ce qu'on fait, on peut perdre beaucoup d'argent et d'énergies en approches inefficaces. Et pendant ce temps, la situation continue de s'aggraver.

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