Les groupes de médecine familiale (GMF) n'ont pas fourni l'accès aux soins espéré parce que Québec les a déployés sans se soucier des résultats, montre le rapport du Vérificateur général publié hier. Un coup de barre majeur s'impose.

Les premiers GMF ont été implantés ici en 2002. Plus de 10 ans et des centaines de millions de dollars plus tard, force est de constater que la population n'en a pas eu pour son argent.

«Le ministre et les agences vérifiées n'ont pas implanté de cadre de gestion pour suivre les résultats obtenus concernant le soutien financier aux GMF et aux cliniques réseau. Ils n'ont pas non plus fait d'évaluation de la valeur ajoutée de ce soutien financier», souligne la nouvelle vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.

Du traitement inéquitable des patients en quête d'un médecin aux volumes de service inférieurs aux contrats en passant par la sous-utilisation des autres professionnels de la santé et de l'informatique, l'écart entre les promesses du modèle et la réalité sur le terrain est abyssal.

Les divers services fournis aux GMF pour les rendre plus efficaces (personnel clinique et administratif, dossiers médicaux informatisés, etc.) coûtent aujourd'hui plus de 85 millions de dollars par an au gouvernement. Résultat? Un médecin qui pratique dans ce type de clinique suit en moyenne 869 patients... à peine 6% de plus qu'il y a cinq ans.

Le Vérificateur, comme toujours, a dû se limiter à un échantillon de cas. Ça ne l'a pas empêché de constater que la clientèle et les heures d'ouverture sont bien en deçà des exigences prévues à l'entente du ministère. Les cliniques étudiées dans trois territoires locaux (CSSS) ont fourni 8% moins d'heures que convenu. Et dans l'ensemble de la province, quatre sur 10 n'avaient pas inscrit le nombre de patients correspondant à leur financement.

L'ex-ministre de la Santé Réjean Hébert, on s'en souvient, s'était dit scandalisé par les GMF qui ne respectent pas leurs contrats. Le Vérificateur remet les pendules à l'heure en adressant ses critiques et recommandations au ministère ainsi qu'à ses agences et centres de santé responsables d'encadrer les GMF - et non à ces derniers, qui ne sont, en fait, que des fournisseurs de services.

C'est un classique à Québec: on crée un nouveau programme sans chercher à savoir si les sommes investies donnent les résultats voulus. Venant du ministère de la Santé, qui reçoit le gros de nos impôts et dispose d'un personnel considérable, un tel laxisme est particulièrement choquant.

La situation va bientôt changer, a promis le ministre Barette cette semaine. À partir de l'automne prochain, les cliniques devront renouveler leur entente chaque année, et ce renouvellement sera conditionnel aux respects de leurs conditions. Elles devront notamment étendre leurs heures d'ouverture et s'assurer que les patients inscrits soient effectivement soignés chez elles. Il faudra voir si ces resserrements réussiront enfin à élargir l'accès.

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