Le Canada brille par son absence à l'Exposition universelle de Milan. Investir dans un pavillon est incompatible avec la réduction du déficit, a-t-on décidé à Ottawa. Une décision malheureuse, qui prive l'agroalimentaire canadien d'une vitrine unique.

La décision ne date pas d'hier. Le Programme des expositions internationales du ministère du Patrimoine canadien a disparu avec le plan de réduction du déficit de mars 2012. « L'annulation de l'adhésion du Canada à ce programme sera un gain de presque 9 millions par année pour les contribuables », indique-t-on au Ministère.

Il n'y a pas de petites économies, paraît-il. Sauf que la somme épargnée cette année ne suffira même pas à payer les campagnes publicitaires commandées par le gouvernement Harper pour vanter ses mesures fiscales. Un total de 13,5 millions est prévu à cette fin à l'Agence du revenu et au ministère des Finances, a révélé La Presse Canadienne. La diffusion a été programmée pour avril et mai, à moins de six mois des élections générales.

Par contre, on cherchera en vain les réalisations canadiennes à l'Expo Milano 2015, qui a ouvert ses portes vendredi sur le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». De la part d'un pays qui dépend autant de son secteur agricole et agroalimentaire, c'est pour le moins étonnant.

Le Canada est le cinquième exportateur de produits agroalimentaires et de produits de la mer du monde. Il en a livré pour 56,5 milliards de dollars l'an dernier, un bond de presque 10 % en quatre ans. Même si les États-Unis assurent plus de la moitié de nos ventes, agriculteurs, transformateurs et pêcheurs ont toujours besoin de nouveaux marchés pour développer leurs activités. Mais un pays connu pour ses denrées brutes comme le blé, les oléagineux, les légumes à cosses, la viande ou les crustacés (nos principales exportations en valeur) a intérêt à faire mousser sa marque autrement.

L'expo de Milan aurait été l'occasion de rappeler que quantité de pâtes italiennes sont faites avec du blé de l'Ouest - l'Italie est l'un de nos plus gros acheteurs de blé dur. Ou de raconter la tragédie de la surpêche de la morue, riche d'enseignement pour une planète qui a de plus en plus de bouches à nourrir. Bref, de raconter des histoires, et de créer un imaginaire autour de l'agroalimentaire canadien qui, contrairement à la France, l'Italie ou aux États-Unis, n'a pas beaucoup de produits ou de marques emblématiques sur lesquels s'appuyer. Ça nous aurait aussi permis de mettre des recettes à base de sirop d'érable sur le site internet de l'événement, au lieu de laisser les États-Unis occuper ce terrain.

Oui, ces six mois de visibilité ont un prix. Le pavillon de l'expo universelle de Shanghai avait coûté 51,2 millions en 2010. Mais c'est 6,8 millions de moins que le budget prévu, et presque un million de visiteurs de plus qu'attendu. Ottawa a décidé de ramener son investissement à zéro. C'est exactement ce qu'il en retirera.

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