Le vent de changement est encore difficile à percevoir mais une chose est sûre, il ne souffle plus en faveur des paradis fiscaux. Oh, ils se portent très bien merci, et font encore la fortune d'armées de spécialistes. La quiétude bénie dans laquelle leurs activités ont pu se développer, par contre, est bel et bien rompue.

Les scandales comme UBS ou, tout récemment, HSBC. L'exposé, en réponse aux questions d'élus européens et américains, de la logique fiscale d'Amazon, Google ou Apple. Et maintenant, un film grand public. Nous sommes rendus à un tournant dans la compréhension, et la remise en question, de cette «efficacité fiscale» déclinée à toutes les sauces. Comme l'a si bien résumé un député britannique à un patron de la banque Barclays qui comparaissait devant lui: «Votre efficacité est notre évitement.»

Que des sociétés étrangères, par leur intelligence marketing et leur masse critique, gagnent des parts dans votre marché, c'est dans l'ordre des choses. Mais quand elles paient seulement une fraction des taxes et impôts autrefois versés par les entreprises qu'elles ont supplantées, vous avez un problème.

Les États dont le fonctionnement repose sur ces revenus n'ont plus le choix de réagir. Ils vont devoir unir leurs forces, et arrêter de se faire concurrence à coups d'avantages fiscaux. On l'a assez vu dans le commerce de détail: la surenchère du prix le plus bas est un jeu de dupes. À part quelques gros qui en font leur spécialité, presque tout le monde en sort perdant.

Cela dit, malgré les efforts entrepris en haut lieu, notamment à l'OCDE, la tendance sera difficile à renverser. Les capitaux ne vont pas affluer dans les coffres demain matin. Ce n'est pas avec ça qu'on va régler nos problèmes immédiats.

Le rapport Godbout attendu jeudi se chargera de nous le rappeler: il n'y a pas de solution facile. Jongler entre taxes à la consommation et impôt sur le revenu n'a rien d'agréable. Couper dans les dépenses pour boucler l'année non plus. Toutefois, continuer à s'endetter en tablant sur d'éventuels sommes récupérées de l'évitement fiscal serait encore pire. La situation actuelle nous a été léguée par des générations de politiciens pressés de dépenser l'argent qu'ils n'avaient pas. Ne nous trouvons pas des excuses pour nous enfoncer davantage.

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