Les sociétés pharmaceutiques devront jouer franc jeu et faire connaître leurs ruptures de stock, vient d'annoncer la ministre fédérale de la Santé, Rona Ambrose. Ce n'est pas trop tôt. D'autres efforts seront toutefois requis pour atténuer les effets secondaires des pénuries de médicaments.

On peut s'en indigner tant qu'on veut, mais ça ne changera rien à la réalité. Les ruptures d'approvisionnement sont devenues un problème chronique pour les systèmes de santé occidentaux. Inutile d'attendre le remède miracle qui règlerait tout d'un coup, les causes sont multiples. Les gouvernements n'ont d'autre choix que de s'organiser. Celui de Stephen Harper s'est enfin rendu à l'évidence: le système de divulgation volontaire instauré par le secteur pharmaceutique ne répond pas aux besoins.

Rona Ambrose corrige l'erreur de la ministre Aglukkaq, qui avait ignoré l'avis de ses fonctionnaires et de nombreuses organisations de médecins, de pharmaciens et de patients. La non-disponibilité d'un médicament est une information vitale. Pharmaciens et médecins doivent être prévenus le plus tôt possible pour pouvoir trouver des solutions de rechange. C'est loin d'être le cas actuellement. Des épisodes a priori gérables se transforment en véritables crises, causant des pertes de temps et d'argent considérables, en plus de mettre la santé des patients à risque.

Il faut donc souhaiter que la divulgation obligatoire et les amendes promises s'appliqueront rapidement. Et que le nouveau site, contrairement à l'actuel, soit à la fois complet et exempt d'informations jugées non pertinentes par les professionnels qui en ont besoin.

Cette intervention du fédéral est indispensable, mais les provinces doivent aussi faire leur part. Au Québec, un comité d'experts formé de deux ordres et de deux regroupements professionnels a fait le tour de la question il y a près de trois ans. Aucune de ses recommandations n'est encore en vigueur, ont rappelé ses membres hier.

Les recommandations qui font appel au bon vouloir ou à un encadrement plus sévère des fabricants et des distributeurs ne sont pas évidentes à mettre en application, c'est vrai.

Par contre, l'idée d'une unité qui centraliserait l'information sur les médicaments introuvables et les substituts recommandés est tout à fait réalisable. Le ministère de la Santé devrait s'en occuper, car il en va de la sécurité des patients et des ressources de ses établissements.

Les ruptures de stock étant désormais la norme plutôt que l'exception, il faudrait aussi éviter qu'un hôpital ne dépende d'un fournisseur unique. Les règles encadrant les appels d'offres devraient être modifiées pour pouvoir facilement répartir les contrats entre deux fabricants, au lieu de se mettre toujours à la merci du plus bas soumissionnaire.

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