Les débats et remises en question qui agitent le secteur touristique québécois sont justifiés et nécessaires. Il a beau être convaincu de son potentiel, il doit s'entendre sur la manière de le développer.

L'industrie ne manque pas d'ambition. Le plan de développement adopté il y a deux ans vise une augmentation des recettes touristiques de 5% par an en moyenne. Ce serait un progrès notable par rapport aux 3,4% de la décennie précédente, et un apport intéressant à l'économie. Les recettes de l'industrie atteindraient 18 milliards en 2020, presque 25% de plus (3,5 milliards) que si elle s'en tenait à son rythme de croisière antérieur.

Même dans le contexte actuel plutôt favorable, alors que le tourisme international est en expansion et que l'économie de nos voisins du sud se redresse, ça ne se fera pas tout seul. Si le Québec veut se faire entendre dans le grand bazar mondial du tourisme, il doit projeter un message clair, d'une voix forte et unie. On est encore loin du compte.

Le dernier plan de marketing du ministère date de 2009-2010, son dernier plan stratégique couvrait les années 2005 à 2007.

La tribu, par contre, ne manque pas de chefs. Une dizaine de ministères et organismes fédéraux, et deux fois plus au niveau provincial, interviennent dans le développement touristique au Québec, en plus des 22 associations touristiques régionales (ATR), des 19 associations touristiques sectorielles (ATS) et de diverses municipalités et MRC.

À cela s'ajoute une taxe d'hébergement à géographie variable - 2 ou 3$ par nuitée dans certaines régions, 3% ou 3,5% du prix de la nuitée dans d'autres.

Ce ne sont que quelques exemples. Fait encourageant, le secteur et le ministère sont bien conscients de la situation. Le rapport du comité présidé par le patron du Groupe Juste pour rire, Gilbert Rozon, a clairement exposé le malaise en 2011. Trois ans et deux changements de gouvernement plus tard, une transformation en profondeur semble enfin possible. La ministre Dominique Vien promet un tout nouveau modèle d'affaires pour le printemps prochain. En début de semaine, déjà, elle a endossé certains constats de l'industrie, dont la nécessité d'améliorer le marketing et la gouvernance, et de tirer le meilleur parti des ressources existantes. Des consultations suivront en janvier.

Reste à voir jusqu'où elle acceptera d'aller. Plusieurs demandent que la mise en marché soit confiée à une entité indépendante (une société d'État, par exemple) avec du personnel spécialisé et des comptes à rendre. La formule semble bien marcher en Ontario et en Colombie-Britannique, mais Québec est-il prêt à lâcher du lest et à réaffecter ses fonctionnaires?

Reste aussi à voir si le milieu est capable de compromis. Tous dénoncent l'excès de structures et le saupoudrage de fonds. Combien accepteront de mettre leurs ressources et leurs pouvoirs en commun?

Le partage de la lucrative taxe d'hébergement (environ 45 millions par an) risque aussi de susciter de vifs débats. Pour l'instant, elle va aux ATR, mais la façon dont elles la dépensent est loin de faire l'unanimité. Même le vérificateur général trouve que le ministère ne les encadre pas assez.

Le tourisme est un moteur économique sur lequel il faut miser davantage, plaident les entreprises. Cela mérite d'être considéré. Avant d'engager plus de fonds publics, toutefois, il faudra se doter d'une mécanique efficace, qui donne un meilleur rendement.

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