Le titre d'Amazon sera à surveiller aujourd'hui. Quelle direction prendra-t-il après sa descente en vrille de vendredi dernier? Ce sera un bon indicateur de la confiance que le géant du commerce en ligne est encore capable d'inspirer.

L'action d'Amazon a reculé de plus de 8% au NASDAQ vendredi, effaçant plus de 12 milliards de dollars de valeur en Bourse. La perte trimestrielle divulguée la veille est la pire depuis au moins 11 ans, note l'agence Bloomberg.

Cette douche froide est en train de départager les actionnaires en deux camps: ceux qui ne voyaient qu'un titre à forte croissance et ceux qui considèrent l'entreprise pour ce qu'elle est. Certes, Amazon est un leader qui génère des dizaines de milliards de dollars de vente. Son attitude, toutefois, n'est pas celle d'un détaillant établi, mais d'une étoile montante de la techno, plus soucieuse de sa croissance que de sa rentabilité.

La stratégie, il faut l'admettre, a plutôt bien fonctionné. C'est ce qui a valu à Jeff Bezos le titre de PDG le plus performant au monde dans le Harvard Business Review de novembre. Le classement est fondé sur l'évolution à long terme du rendement total de l'avoir des actionnaires et de la capitalisation boursière. «La performance du titre depuis son entrée en Bourse en 1997 a été tellement forte que même si le titre tombait à 250$, Bezos se classerait toujours comme le PDG le plus performant», souligne le magazine.

Le titre est tombé «seulement» à 287,06$. Sauf que tous ne l'ont pas acquis en 1997. L'investisseur embarqué à la fin de l'an dernier, séduit par la progression apparemment inexorable du commerce en ligne, a vu l'action reculer de 21% en 2014. Et ça, c'était avant les nouvelles désastreuses de jeudi. L'aveu d'une perte pire qu'on l'attendait au troisième trimestre, combinée à des prévisions revues à la baisse pour la lucrative période des Fêtes, en a visiblement découragé plusieurs. Tous ceux qui voulaient se débarrasser du titre l'ont-ils fait? On le saura cette semaine.

Restera ensuite à voir jusqu'où les marchés seront prêts à suivre l'entreprise dans sa soif de diversification. «Nous savons que nous devons nous montrer très sélectifs», a admis jeudi le vice-président aux finances. Quand on vient de radier 170 millions de dollars pour des téléphones intelligents dont personne ne veut, c'est un minimum.

Il y a une différence entre diversification et éparpillement. Et le téléphone Fire, un prolongement beaucoup moins évident que la liseuse Kindle et qui a coûté une fortune à développer, tombe clairement dans la deuxième catégorie. En même temps, on aurait tort de confiner le détaillant à ses activités traditionnelles. Son service d'informatique en nuage lancé il y a déjà huit ans affiche aujourd'hui une croissance enviable.

Cela dit, Amazon n'est pas un projet expérimental destiné à illustrer la capacité de Jeff Bezos à réinventer le commerce de détail. Tôt ou tard, il faudra revenir à la rentabilité.

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