Le plan de soutien aux aidants naturels lancé lundi par le gouvernement Harper est encore bien embryonnaire, mais c'est un pas dans la bonne direction.

On qualifie leur rôle de « naturel », comme si cette fonction allait de soi et qu'ils n'avaient rien de mieux à faire. Rien n'est plus faux. Les trois quarts des Canadiens qui prodiguent des soins à un membre de leur famille ou à un proche ayant un problème de santé chronique occupent un emploi. Le cumul n'est pas sans conséquence. Près de 10 % ont dû réduire leurs heures de travail dans les 12 mois précédents, 6 % ont même dû quitter leur poste à un moment ou l'autre de leur carrière.

Soutenir une personne malade peut être éprouvant pour la santé physique et mentale de l'aidant, mais aussi pour sa santé financière. En plus de son salaire, le travailleur forcé de quitter momentanément son emploi perd souvent d'autres avantages, comme ses assurances ou son régime de retraite, et nuit à la progression de sa carrière.

Les employeurs subissent aussi des coûts directs (roulement de personnel accru, absentéisme) et indirects (baisse de productivité, impact sur les collègues, le patron et les clients), souligne un rapport publié le mois dernier par un groupe de recherche albertain.

Ce serait évidemment plus facile si les malades recevaient plus d'aide des systèmes de santé et de services sociaux, en particulier à domicile. En attendant, ce n'est pas une mauvaise idée d'examiner ce que les entreprises peuvent faire pour faciliter la vie des travailleurs aux prises avec ce double rôle.

C'est ce que le gouvernement Harper promet de faire avec son Plan de soutien des employeurs aux aidants naturels. Ou plutôt, c'est la mission qu'il a confiée à un groupe de travail formé de représentants d'entreprises, dont quelques très grandes comme Home Depot Canada, Johnson & Johnson et Ernst & Young. Ce groupe devra consulter des employeurs d'un peu partout au pays et déposer, d'ici la fin de l'année, un rapport faisant état des meilleures pratiques.

Un autre groupe de travail ? Un autre rapport ? « Nous aurons ensuite d'autres mesures en fonction de ce qu'aura recommandé le groupe de travail », a promis la ministre d'État aux Aînés, Alice Wong, en conférence de presse lundi.

Dans ce cas, il serait important de ne pas se limiter aux employeurs et de consulter aussi des travailleurs-aidants naturels, pour savoir quels aménagements leur seraient les plus utiles.

On ne voit pas encore quel rôle pourrait jouer l'État. Mais si l'exercice réussit à sensibiliser les entreprises aux pressions avec lesquelles doivent composer leurs employés, ce sera déjà un progrès. Environ 70 % des aidants naturels s'occupent d'une personne de 65 ans ou plus. Le vieillissement de la population augmentera le nombre d'aînés ayant besoin du soutien d'un proche dans un contexte où la main-d'oeuvre se fera de plus en plus rare. Les employeurs n'auront pas le choix de trouver des compromis.

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