L'accès élargi à la procréation assistée a fait augmenter le nombre de grossesses multiples, de prématurés et de séjours aux soins intensifs, a-t-on appris hier. Ce programme nous coûte encore plus cher qu'on le pensait.

C'était le principal, voire le seul argument rationnel en faveur du financement public : s'il payait les traitements, l'État pourrait restreindre le nombre d'embryons implantés lors de fertilisations in vitro (FIV), réduisant les probabilités de grossesses multiples, toujours plus risquées.

De ce point de vue, Québec a vu juste. Avant 2011, près de 40 % des enfants conçus par procréation assistée étaient issus d'une grossesse multiple. Le programme public a fait reculer ce taux à 23 %, puis à 17 %. Voilà le genre de chiffres que les précédents gouvernements nous ont servis pour en vanter l'efficacité, et prétendre qu'il se financerait de lui-même.

Sur le nombre de grossesses à risque provoquées par les traitements de fertilité, par contre, pas un mot. C'est pourtant une question essentielle, car le système de santé ne soigne pas des pourcentages, mais des mères et des enfants, et ces soins ont un coût. Nous avions déjà tenté d'obtenir des données par l'accès à l'information, sans succès. Le Commissaire à la santé et au bien-être nous donne enfin l'heure juste.

Si le nombre d'enfants nés de grossesses multiples a diminué avec la première cohorte conçue grâce au programme public, il s'est mis à remonter dès l'année suivante, montre le rapport rendu public hier. Bref, malgré l'amélioration des taux, les grossesses à risque augmentent parce que l'accès universel a fait exploser le nombre de traitements.

Et il y a pire. Après seulement deux années complètes de naissances issues du programme public, on se retrouve avec plus de prématurés et de nouveau-nés hospitalisés aux soins intensifs qu'avant !

Certes, ce nombre est relativement peu élevé : 533 en 2012-2013. Il faut toutefois se rappeler que les grossesses conçues par procréation assistée imposent, en moyenne, un fardeau plus important au système de santé. Les mères sont plus souvent hospitalisées avant l'accouchement, donnent plus souvent naissance par césarienne, et les nouveau-nés restent en moyenne cinq jours de plus aux soins intensifs. Autant de frais qui s'ajoutent aux coûts, déjà exorbitants, de la procréation assistée (près de 70 millions de dollars l'an dernier). « La prédiction d'autofinancement du programme ne s'est donc pas réalisée », conclut le rapport. Et ça n'inclut même pas les investissements majeurs qui ont dû être faits dans des hôpitaux pour satisfaire la volonté gouvernementale de rapatrier une partie des traitements au système public.

Resserrer l'accès à la procréation assistée, comme Québec semble déterminé à le faire, réduira une partie des coûts. Il faudra cependant s'assurer que les traitements non couverts par le système public respecteront eux aussi les limites d'embryons à implanter. C'est la seule réussite du programme, ne la sabotons pas.

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