Malgré les campagnes de prévention et les resserrements au permis de conduire, les jeunes conducteurs continuent à faire beaucoup plus d'accidents. Pourquoi? Une étude publiée cette semaine dans la revue médicale JAMA Pediatrics ouvre une piste intéressante.

D'autres recherches ont étudié les jeunes conducteurs sous l'angle des caractéristiques démographiques (dont le sexe) ou psychologiques (un attrait pour les sensations fortes, par exemple). Marie Claude Ouimet, professeur adjoint à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke et auteure principale de l'étude, s'est intéressée à une composante neurobiologique: le cortisol, une hormone qui signale la réaction au stress.

Les chercheurs ont mesuré le niveau de cortisol de jeunes de 16 ans en situation de stress (des tâches mathématiques), et ont observé leur conduite durant 18 mois grâce à des caméras et capteurs installés dans leurs véhicules. Résultat? Les conducteurs novices dont le niveau de cortisol était plus élevé ont fait moins de collisions et quasi-collisions par 1000 kilomètres parcourus. Leurs taux d'accidents ont aussi diminué plus vite durant la période étudiée.

Autrement dit, les jeunes ayant une plus faible réponse au stress se sont révélés plus à risque de faire une collision.

Cette découverte est très intéressante parce qu'elle recoupe d'autres recherches qui ont montré des associations entre un faible taux de cortisol et, par exemple, la propension à conduire avec des facultés affaiblies. Et, surtout, parce qu'elle va au-delà de l'idée qu'on se fait habituellement de la prévention. Il ne suffit pas d'identifier les conducteurs plus souvent impliqués dans des accidents (les jeunes hommes, notamment), et de leur répéter d'être prudents. D'autres facteurs moins visibles pourraient jouer un rôle.

Ceux qui ressentent le stress moins intensément s'exposent peut-être davantage à des situations périlleuses. Et si une collision ou un accrochage évité de justesse ne les choque pas outre mesure, ils en feront peut-être davantage avant d'apprendre.

«Les jeunes conducteurs sont plus à risque parce qu'ils n'ont pas d'expérience, et certains le sont encore davantage parce qu'ils prennent plus de risques», résume Marie Claude Ouimet.

Depuis 2010, le Québec a ramené l'obligation de suivre un cours de conduite, étendu la tolérance zéro pour l'alcool à tous les conducteurs de moins de 22 ans et réduit le nombre de points d'inaptitude que les moins de 25 ans peuvent accumuler, en plus des campagnes de sensibilisation habituelles.

Le bilan des 16-24 ans s'est amélioré, mais ils continuent à faire nettement plus d'accidents. Se pourrait-il que les jeunes moins sensibles au stress soient aussi moins sensibles aux mesures de prévention existantes, et qu'il faille en développer d'autres? La piste mérite d'être creusée, puisque l'on sait maintenant que ces conducteurs sont aussi plus susceptibles d'être impliqués dans des collisions.

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