Les deux voyageurs qui ont pris le vol MH 370 munis de passeports dérobés n'ont peut-être rien à voir avec la disparition de l'appareil. Leur présence montre cependant à quel point il est facile de prendre un vol transfrontalier avec de tels documents. Une faille béante qu'il est urgent de colmater.

Si les passeports du vol de Malaysia Airlines avaient été vérifiés avec la base de données d'Interpol, nous ne serions pas en train de nous demander si ceux qui ont utilisé des documents volés étaient des terroristes: on saurait que personne n'a pu monter à bord avec ça, a souligné le grand patron d'Interpol, dimanche dernier.

À quelque chose malheur est bon. En l'absence de traces du Boeing 777, toute l'attention s'est portée sur la présence de voyageurs embarqués avec des passeports volés. Il était temps.

Dans la foulée du 11 septembre 2001, l'organisation de coopération policière Interpol a créé une base de données signalant les passeports et autres papiers de voyage perdus ou volés. Quelque 40 millions de documents figurent aujourd'hui dans le système... dont les passeports autrichien et italien utilisés frauduleusement au départ de Kuala Lumpur.

On ne parle pas ici de faux fabriqués de toutes pièces, mais de papiers déclarés volés dans les deux dernières années. Une simple vérification aurait permis de les détecter. Elle n'a pas été faite. Elle l'est trop rarement.

Les États-Unis, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis effectuent à eux seuls plus de la moitié des 800 millions de recherches réalisées chaque année avec cet outil. Rares sont les pays qui l'utilisent systématiquement, signale Interpol. Un laxisme maintes fois dénoncé par l'organisation, qui a encore fait une sortie sur le sujet il y a deux semaines. Évidemment, si les deux mystérieux passagers s'avèrent responsables de la disparition de l'appareil, elle sera sans doute entendue. Mais rien n'est moins sûr.

Selon des spécialistes du transport aérien cités dans divers médias, l'emploi de faux passeports n'est pas rare, en particulier en Asie. Vu le genre de voyageurs qui les utilisent - des criminels, des clandestins et, oui, des terroristes -, il est étonnant qu'on n'ait pas plus envie de les intercepter.

Il faut dire que les procédures de vérification avant l'embarquement ne sont pas uniformes. Interpol évoquait récemment un projet pilote qui permettrait aux transporteurs de déterminer si un passeport a été volé ou perdu, et ce, sans qu'aucune information privée ne soit communiquée. Pour l'instant, toutefois, ce sont les autorités (services douaniers, immigration, etc.) qui ont accès à sa base de données. Les gouvernements sont interpelés au premier chef.

Pourquoi faciliter ainsi le trafic et l'utilisation de passeports déclarés perdus ou volés? Le système d'Interpol est-il trop cher ou trop lourd à utiliser? Quelles que soient les raisons, les pays-passoires vont devoir s'expliquer.

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