Les patients ayant survécu à un traumatisme crânien ne sont pas nécessairement tirés d'affaire. Ils courent trois fois plus de risques de succomber à une mort prématurée, montre une importante étude rendue publique la semaine dernière. Une autre raison, s'il en faut, de prendre ces blessures plus au sérieux.

«Il est important d'examiner les tendances de mortalité parce que la plupart des patients survivent aux conséquences immédiates des traumatismes crâniens et aux blessures qui y sont associées, et reçoivent leur congé de l'hôpital», expliquent les chercheurs dans la revue médicale JAMA Psychiatry.

Ils ont épluché les dossiers de plus de 218 000 Suédois ayant reçu un diagnostic de traumatisme crânien au moins six mois auparavant et comparé les taux de mortalité avec ceux de la population générale. Les probabilités que ces patients meurent avant l'âge de 56 ans étaient trois fois plus élevées, même en tenant compte des facteurs sociodémographiques. Et pratiquement la moitié de ces disparitions prématurées étaient dues à des causes évitables. Les suicides (45%) étaient presque aussi fréquents que les blessures (50%). Les agressions (5%) complétaient ce sombre portrait.

Cette vaste recherche répertoriant des cas sur 41 ans montre à quel point les suites d'un traumatisme crânien peuvent être graves. Aux États-Unis, 3,2 millions de personnes seraient en invalidité prolongée à la suite d'un tel épisode. Une bonne partie sont des accidentés de la route, mais il y a aussi des soldats, victimes d'engins explosifs, et beaucoup de gens qui se sont blessés en pratiquant un sport.

Les traumatismes crâniens sont davantage pris au sérieux depuis quelques années. Il reste toutefois du chemin à faire, en particulier dans certains sports professionnels. Cette recherche, qui confirme les risques de suicide accrus relevés dans d'autres études, nous rappelle l'importance de tout faire pour les éviter. Mais il y a plus.

Les auteurs ont constaté que 61% des patients morts prématurément avaient aussi reçu un diagnostic de toxicomanie, d'alcoolisme ou de troubles psychiatriques au cours de leur vie. Il est possible que ces problèmes incitent à des comportements dangereux qui augmentent les risques de blessures. Mais il serait surtout intéressant, avant de donner son congé à une personne ayant subi un traumatisme crânien, de déterminer si elle présente l'un ou l'autre de ces facteurs associés à un risque de mortalité plus élevé. Cela permettrait de faire un meilleur suivi et, peut-être, de prévenir des décès.

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