Le Groupe de travail sur la formation de la relève infirmière n'a pas réussi à s'entendre sur l'imposition du bac universitaire comme condition d'accès à la profession. Il faudra bien en arriver là, car c'est dans cette direction que la profession évolue.

Un an et demi après que l'Ordre des infirmières ait demandé au gouvernement de relever les exigences de formation, on est dans un cul-de-sac. Malgré 11 réunions et deux mandats du ministre de la Santé, les représentants de l'éducation, de la santé, des syndicats et de l'État demeurent profondément divisés, montre le rapport publié cette semaine.

Heureusement, le projet n'est pas mort. Reprenant l'une des recommandations, le ministre Hébert a demandé d'identifier les postes pour lesquels une formation collégiale suffit et ceux nécessitant des études universitaires. Nous osons croire qu'il cherche réellement à faire progresser le dossier, et non à gagner du temps.

Ce portrait sera utile pour déterminer à quel rythme faire la transition. S'il est certain que les besoins en infirmières dotées d'une formation universitaire iront en augmentant, il est évident que des tâches peuvent encore être accomplies par des diplômées du cégep.

Le problème, actuellement, c'est que les deux profils sont considérés comme interchangeables, ce qui n'est pas le cas. Comme certaines compétences ne sont enseignées qu'à l'université, l'Ordre doit en tenir compte dans l'examen d'admission à la profession pour ne pas pénaliser les diplômées du collégial. Des compétences sont ainsi évaluées de façon moins approfondie et certains domaines, dont la santé communautaire, qui est pourtant appelée à gagner en importance, sont exclus de l'examen.

Rappelons que dans le reste du Canada, et dans plusieurs autres pays, dont l'Angleterre, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède, la Finlande et l'Islande, il faut passer par l'université pour devenir infirmière.

Imposer la formation universitaire coûterait plus cher en salaires, mais nous assurerait que les futures diplômées soient toutes capables d'assumer un plus grand rôle dans le système de santé. On pourrait ainsi économiser beaucoup d'argent, tout en améliorant l'accès aux soins.

Ce gain-là n'est cependant pas automatique. Pour que ces compétences accrues profitent aux patients, il faut d'abord instaurer un meilleur partage des tâches et des responsabilités. À en juger par le peu de progrès réalisés en ce sens au cours des dernières années, ça va demander une bonne dose de volonté politique.

Il en faudra au moins autant pour rehausser la formation. Les écarts sont à la mesure des intérêts en jeu: colossaux. Le ministre de la Santé a entendu tout le monde, Trésor, ministère de l'Éducation, cégeps, syndicats et établissements inclus. Mais au final, ce sera à lui de trancher. Et ce n'est pas la préservation des acquis ou l'ambition des uns ou des autres qui devra guider son choix, mais l'intérêt réel de la population.

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