Même si les ministres des Finances fédéral et provinciaux réunis aujourd'hui sur les rives du lac Meech ne s'entendent pas pour rehausser le Régime de pensions du Canada, le problème des retraites n'est pas près de s'estomper. Au contraire, il s'invitera de plus en plus souvent dans le débat public.

On en a eu un autre exemple à la fin de la semaine dernière, lorsque la ministre Agnès Maltais a dû, sous la pression des élus municipaux, accélérer son processus de redressement des régimes moins de 24 heures après l'avoir présenté. Les caisses de retraite des services municipaux ne sont pas les seules déficitaires au Québec, mais la nature de l'employeur rend la situation intenable.

En l'absence des pouvoirs nécessaires pour entamer une négociation intelligente, les municipalités sont réduites à rançonner leurs citoyens - un procédé particulièrement choquant pour les contribuables qui n'ont pas la chance d'avoir un fonds de retraite de leur employeur.

Éviter d'affronter le problème en entamant une longue consultation débouchant sur un rapport voué aux oubliettes serait tout simplement indécent. Il y a urgence. Les maires de Québec et de Montréal ont bien fait de le rappeler à la ministre du Travail.

Le sujet qui occupera les ministres des Finances aujourd'hui nous est également familier au Québec. Le drame des travailleurs qui, faute d'épargne suffisante, risquent de voir leur niveau de vie tomber en flèche à la retraite, a été bien expliqué dans le rapport D'Amours. L'exercice a aussi montré toute la difficulté d'y remédier.

Plusieurs provinces, Île-du-Prince-Édouard et Ontario en tête, voudraient utiliser le Régime de pensions du Canada (RPC), l'équivalent de notre Régime de rentes du Québec (RRQ), pour amortir le choc chez elles. L'ennui, c'est que le contexte n'est absolument pas propice à un rehaussement important des cotisations. L'économie tourne au ralenti et plusieurs employeurs, qui avaient pourtant traversé la crise sans trop d'égratignures, commencent à en souffrir. Une augmentation marquée des contributions aurait un effet dissuasif sur l'embauche. En particulier dans les petites entreprises, où l'effet de ces sommes se ferait davantage sentir.

On a vu le peu d'enthousiasme qu'a suscité ici la «rente de longévité» proposée dans le rapport D'Amours. Ceux qui veulent bonifier significativement le RPC doivent s'attendre à une résistance similaire.

Encore là, il peut être tentant d'esquiver le problème en blâmant les individus qui n'auront pas suffisamment d'épargne. Mais dans une économie comme la nôtre, où une grande part de la croissance repose sur la consommation, la perspective qu'une vaste cohorte de travailleurs voient leur pouvoir d'achat s'effondrer dès qu'ils se retireront de la vie active ne peut être ignorée.

On commence à peine à s'intéresser aux problèmes des retraites. Si les solutions proposées jusqu'ici ne passent pas, il va falloir faire preuve de créativité et en trouver d'autres qui soient acceptables.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion