Aide alimentaire, recherche médicale, culture... Sollicités de toutes parts, les citoyens sont de plus en plus critiques envers les organismes de bienfaisance, montre une vaste enquête publiée cette semaine.

Si les Canadiens ont, en général, plutôt confiance envers organisations charitables, cette confiance n'est ni inconditionnelle ni aveugle, confirme le plus récent rapport de la fondation albertaine Muttart.

Au moins 70% des quelque 4000 répondants croient en l'honnêteté des organisations et en leurs dirigeants, mais ces appuis ont reculé d'une dizaine de points par rapport aux enquêtes précédentes. La confiance envers les lieux de culte, les groupes environnementaux et l'aide internationale s'effrite aussi.

Sur d'autres sujets, les citoyens restent fermement campés sur leurs positions. Près des trois quarts des répondants trouvent que les organismes dépensent trop en salaires et en administration. Et plus de 9 sur 10 (92%) considèrent que ceux-ci devraient dire comment les fonds sont dépensés chaque fois qu'ils en sollicitent.

Les gestionnaires ont-ils entendu le message? On le leur souhaite. Les gens appuient des causes auxquelles ils croient. S'ils n'ont pas l'impression que leur argent est bien utilisé, ils le donneront ailleurs. Ils ont l'embarras du choix: le Canada compte 86 000 organisations charitables. Celles qui ne font pas preuve de transparence en payeront le prix.

Cette prise de conscience est relativement récente. Quand Charity Intelligence a commencé à évaluer la transparence des plus gros organismes canadiens, en 2006, 30% ne fournissaient pas d'information financière au public. Aujourd'hui, 82% d'entre elles publient leurs états financiers. 

C'est un début, mais il faut plus de détails, en particulier sur les coûts des activités de financement. L'organisation d'une course, d'une soirée-bénéfice ou d'un autre événement peut avoir une grande valeur pour ceux qui y participent, mais d'autres donateurs préfèrent qu'un maximum d'argent aille à la cause appuyée. Tous devraient avoir l'information nécessaire pour choisir.

Les organismes ne devraient pas faire la sourde oreille, car les demandes viennent de leurs meilleurs alliés. Les Canadiens qui disent être familiers avec leur travail sont plus portés à donner, mais aussi plus nombreux à trouver qu'ils dépensent trop en salaire et en administration. Les donateurs sont aussi plus nombreux à réclamer que l'usage des fonds soit divulgué.

La tendance ira en s'accentuant, car les répondants les plus critiques sont ceux qui ont passé le cap des 65 ans. Ce sont eux qui ont le moins confiance envers les organisations et leurs dirigeants, qui sont les moins convaincus que les organismes font généralement preuve d'honnêteté dans l'usage des fonds, et qui ont le plus tendance à dire que trop de groupes sollicitent des fonds pour la même cause. Avec le vieillissement de la population, il y aura de plus en plus de ces donateurs. Et c'est tant mieux.

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