Voir un médecin est rendu tellement difficile que toute proposition visant à améliorer l'accès mérite d'être écoutée. Surtout quand elle provient des médecins de famille eux-mêmes. Cependant, il reste encore beaucoup d'inconnues dans la stratégie mise de l'avant par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

Le rapport publié cette semaine cherche à aider deux types de patients. Ceux qui n'ont pas médecin de famille, et ceux qui en ont un mais ne réussissent pas à le voir.

Pour les premiers, la FMOQ veut créer des unités d'accès populationnel (UAP). Une nouvelle structure et un nouvel acronyme? C'est mal parti. 

Le syndicat de médecins se veut rassurant: les UAP se développeraient à partir du réseau existant. Ouverts tous les jours à raison de 76 heures par semaine, ces services éviteraient que les urgences mineures n'aboutissent, justement, à l'urgence. La moitié de ces UAP s'installaient dans des établissements existants, les autres coûteraient environ 15 millions de dollars à aménager.

Avant d'en arriver là, il faudra trouver de la main-d'oeuvre. Comment convaincre les médecins de famille de donner ces services supplémentaires alors qu'ils ont déjà plus de patients qu'ils n'en veulent? Pour les y inciter, la FMOQ demande à Québec de leur offrir du soutien pour leur propre clinique en échange - surtout du soutien infirmier, réservé jusqu'ici aux groupes de médecine de famille (GMF).

Les infirmières jouent d'ailleurs un rôle central dans les propositions de la FMOQ, puisqu'il y en aurait aussi à temps plein dans les UAP. C'est une bonne idée, mais elles pourraient être encore plus utiles si elles avaient le droit d'accomplir davantage de tâches.

Les patients qui ont un médecin de famille passent pour privilégiés, mais dans les faits, ils ont souvent beaucoup de difficulté à le voir. La Fédération aimerait donc que ses membres gardent au moins trois rendez-vous par jour ouverts à l'intention de leurs patients inscrits. Pour cela, elle suggère de leur verser une prime - une sorte d'assurance contre le risque qu'aucun patient ne se présente. 

Mais à voir l'affluence au sans rendez-vous, on se demande si ce risque est bien réel. Et si ce n'est pas plutôt l'État qui risque de payer la même consultation plus cher inutilement. La FMOQ assure que ce supplément ne coûtera pas un sou de plus parce qu'il sera financé à l'intérieur des ententes existantes. Là encore, on demande à voir.

Ce n'est pas la première formule avec laquelle on nous promet d'améliorer l'accès. Les CLSC, puis les cliniques réseau et les GMF étaient censés jouer ce rôle. Voilà qu'on nous arrive avec des UAP. Est-ce la solution? Les soins de santé sont donnés par des humains. Cette nouvelle structure convaincra-t-elle les principaux intéressés d'en faire davantage? C'est la question qu'il faut se poser avant de se lancer dans une énième réorganisation.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion