Les Californiens de moins de 18 ans pourront bientôt exiger des sites internet qu'ils retirent les contenus qu'ils regrettent d'avoir partagés. Cette nouvelle loi ne leur permet pas d'éliminer toute trace embarrassante du cyberespace, mais c'est un pas dans la bonne direction.

L'univers numérique est aussi cruel que divertissant. Cette photo ou cette vidéo captée et mise en ligne dans l'enthousiasme d'une fête, cette réplique si percutante pourraient avoir l'air beaucoup moins drôles avec du recul. Surtout du point de vue d'un observateur externe - un employeur potentiel, par exemple. Certains sites, dont les réseaux sociaux Facebook et Twitter, permettent aux utilisateurs de supprimer facilement des images ou du texte qu'ils ont mis en ligne. Mais pas tous.

Chacun devrait en être conscient, et y penser avant de publier des commentaires ou des images. Y compris les ados. Mais ceux-ci méritent un peu d'indulgence.

Les adultes qui ont vécu avant l'avènement d'internet et des réseaux sociaux ont été épargnés. Cependant, ils seraient tout aussi embêtés si certaines images ou déclarations de leur jeunesse refaisaient surface, et risquaient d'être retenues contre eux. Dans un monde idéal, personne ne tirerait de grandes conclusions des interventions peu glorieuses faites par un individu avant ses 18 ans. Mais l'être humain est ainsi fait: s'il a accès à de l'information, il aura tendance à en tenir compte.

Ce n'est pas pour rien que notre système judiciaire protège l'identité des jeunes. Un mineur qui fait l'objet d'une accusation en vertu de la Loi sur les jeunes contrevenants ne peut pas être identifié dans les médias. Même chose s'il est la victime dans un procès. Le fait que les parents ne puissent pas être nommés dans les causes de séparation et de divorce protège aussi l'anonymat de leur famille. Toutes ces mesures permettent aux enfants d'entrer dans l'âge adulte avec un nom intact, sans être constamment associés à ces épisodes passés. Si un jeune délinquant a droit à cette seconde chance, l'ado qui a affiché des stupidités sur internet devrait en bénéficier aussi.

La portée de la loi californienne, qui entrera en vigueur en janvier 2015, est limitée. Il faut être mineur pour s'en prévaloir et elle ne donne pas de prise sur le matériel repris ailleurs. Elle s'inscrit néanmoins dans une tendance de fond. La loi canadienne prévoit déjà que toute personne peut demander à un site web de retirer les renseignements qu'elle lui a fournis. La Conférence internationale des commissaires à la protection des données et de la vie privée vient aussi de recommander qu'une protection particulière soit accordée aux mineurs dans l'univers numérique. En attendant, le jugement demeure la meilleure protection contre les squelettes numériques.

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