Après les 4500 mises à pied et la perte de près d'un milliard de dollars annoncées vendredi, BlackBerry pensait faire un bon coup en fin de semaine avec le lancement de sa fonction Messenger pour les cellulaires iPhone et Android. L'opération, hélas, a été un désastre. La semaine s'annonce difficile pour l'entreprise ontarienne.

Le système BBM, qui permet d'échanger des messages à l'aide d'un numéro d'identification personnel, est très populaire chez les propriétaires de BlackBerry. L'offrir enfin sur plateformes iOS (iPhone) et Android était une belle façon de faire rayonner la marque. Au lieu de cela, l'entreprise a frustré plus d'un million d'utilisateurs samedi soir. Le téléchargement a été suspendu après quelques heures seulement, à cause d'une version illégitime de l'application Android.

En des temps plus heureux, il lui aurait suffi de régler le problème rapidement pour s'en sortir indemne. Plus maintenant. Après des années de mauvaises nouvelles et d'espoirs déçus, chaque faux pas renforce l'impression que BlackBerry est incapable de s'extirper des sables mouvants. Et c'est bien possible.

L'abolition de 4500 postes (40% de la main-

d'oeuvre!) créera une onde de choc dont les effets n'ont pas fini de se faire sentir. Les employés restants seront à la fois débordés et inquiets. La société, qui doit préserver ce qui lui reste de liquidités et se rendre plus attrayante à d'éventuels acquéreurs, n'avait guère le choix, mais on peut difficilement imaginer pire pour la productivité.

BlackBerry avait tout misé sur ses nouveaux téléphones. Les ventes des Z10 sont si mauvaises qu'elle a inscrit une provision pouvant aller jusqu'à 960 millions de dollars et réduit sa gamme de six à quatre appareils. Seul un acquéreur pourrait faire remonter le cours de l'action. Des noms ont circulé (le cofondateur Mike Lazaridis, le financier Prem Watsa), mais rien ne bouge. Après avoir craint que l'entreprise ne tombe entre des mains étrangères, on s'inquiète désormais qu'elle ne trouve pas preneur.

La trajectoire de BlackBerry a souvent été comparée à celle de Nokia, qui l'a précédée dans la dégringolade. Mais depuis que le manufacturier finlandais a ravi le troisième rang mondial et vendu ses activités à Microsoft, sa situation paraît presque enviable. L'histoire de BlackBerry commence plutôt à ressembler à celle de Palm, soulignait un financier torontois cité par Bloomberg samedi. Ouch!

Le seul élément positif en vue, c'est que le secteur des technologies est désormais bien développé et diversifié dans la région de Kitchener-Waterloo. La disparition de son entreprise phare créerait un vide immense, mais elle serait peut-être moins dramatique que celle de Nortel ne l'a été pour le Canada.

On n'en est pas là, mais la semaine qui s'amorce et mènera à la publication des résultats du deuxième trimestre, vendredi avant l'ouverture des marchés, risque d'être pénible pour BlackBerry.

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