Améliorer la concurrence dans la téléphonie cellulaire au Canada est une entreprise de longue haleine. On aurait aimé qu'Ottawa s'y prenne de manière plus ordonnée, mais l'important, comme on l'a vu au cours des derniers mois, est de maintenir la pression.

«Nous vous avons entendus», claironnait Bell lundi, en annonçant des forfaits d'itinérance moitié moins cher pour les États-Unis. On verra comment Rogers et Telus réagiront. Mais on remarque surtout que cette offre survient moins de trois semaines après que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ait demandé aux fournisseurs canadiens des renseignements sur ce que leur coûtent et leur rapportent les appels, textos et données consommés au sud de la frontière.

Le Conseil revient ainsi à la charge après avoir imposé, début juin, une mesure obligeant les fournisseurs à suspendre les données en itinérance après 100$ de facturation, à moins d'avis contraire du client. Cette demande de renseignements est-elle le prélude à une réglementation des tarifs? Ce serait étonnant, mais on n'est jamais trop prudent, n'est-ce pas? Bell, de toute évidence, veut prouver qu'elle n'a pas besoin de ça pour réduire ses prix. On se demande cependant pourquoi elle ne l'a pas fait plus tôt.

Cette baisse subite est une bonne nouvelle pour les abonnés, mais elle confirme ce que nous avons maintes fois répété: si l'on veut de meilleurs tarifs cellulaires, il faut exercer des pressions sur les trois principaux fournisseurs qui, ensemble, contrôlent 90% du marché canadien. Et après les avoir vus grimper dans les rideaux cet été, ajoutons: il ne faut pas se laisser impressionner par leurs réactions lorsque leur confort est menacé.

Dans un contexte idéal, la concurrence fournirait la pression requise. Mais le contexte des télécommunications canadiennes n'a rien d'idéal. Les contraintes réglementaires et financières posent de tels obstacles à l'entrée et au succès de nouveaux venus que même des assouplissements significatifs - leur réserver de la capacité de transmission, par exemple - se sont révélés insuffisants.

Le gouvernement Harper, qui en fait une affaire personnelle, a donc dû bricoler d'autres mesures en cours de route, notamment en assouplissant les règles de propriété étrangère et en interdisant toute transaction réduisant la concurrence. Tout cela a eu l'air un peu cahoteux, mais ne rien faire aurait été pire.

On saura lundi prochain si des fournisseurs étrangers bien établis sont prêts à tenter leur chance ici en participant à la prochaine enchère de spectre. Leur arrivée ne peut qu'être bénéfique à la concurrence. Si aucun ne se manifeste, il faudra trouver d'autres moyens d'aider les consommateurs captifs. Ottawa n'aura pas le choix de s'en mêler. Il ne faudra pas hésiter, comme l'a fait le CRTC, à interpeler les trois fournisseurs dominants sur leurs pratiques.

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